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personnifiant la Chimie. Le mineur semblait dire : « Je l’ai extrait, à toi d’en tirer parti. »

Que sont ces sels de Stassfurt ? D’abord, enfoui dans les couches inférieures, du sel gemme plus ou moins pur ; puis, au-dessus du sel gemme, des couches de sels de potasse bruts, le toit de tout le dépôt étant constitué, en majorité, par de la carnallite, combinaison de chlorure de potassium et de chlorure de magnésium. Cette carnallite a été d’abord traitée comme minerai de sels de potasse. L’ébullition, en effet, la décompose et donne : 1° du chlorure de potassium, peu soluble, qui se dépose et, comme nous l’avons vu, sert de matière première à l’industrie de la potasse ; 2° du chlorure de magnésium, très soluble, qui reste dans l’eau-mère, d’où on l’extrait par concentration et évaporation, et qui se dépose, alors, en cristaux contenant une assez forte proportion d’eau. Or, c’est de ce chlorure de magnésium hydraté que les Allemands, par le procédé Péchiney-Weldon, extraient aujourd’hui, facilement et à bon marché, le chlore dont ils ont besoin.

Il suffit, en effet, de porter les cristaux que nous venons de signaler à une température assez basse, pour qu’ils se décomposent : il se dégage de l’acide chlorhydrique que l’on peut recueillir, et il reste de la magnésie. Cette magnésie, mise en présence du chlorure de magnésium extrait comme il a été dit, donne une combinaison mixte, appelée oxychlorure de magnésium, qui, chauffée au rouge dans un courant d’air, abandonne la totalité de son chlore, que l’on peut recueillir, et se transforme en magnésie prête à servir pour une nouvelle opération. Il est clair que ce procédé, applicable d’ailleurs au chlorure de magnésium des soudières Solvay, est appelé, surtout dans le voisinage des dépôts de Stassfurt, à supplanter tous les autres.

Quant aux producteurs d’acide chlorhydrique qui, comme les fabricans de soude Leblanc, tiennent à extraire de cet acide tout le chlore qu’il contient, ils ont le choix entre deux procédés : 1° le procédé Deacon, dans lequel on décompose l’acide chlorhydrique, avec mise en liberté de la totalité du chlore, par un courant d’air chaud en présence du sulfate de cuivre ; 2° le procédé Péchiney-Weldon, légèrement modifié, dans lequel, au moyen de la magnésie, on transforme l’acide chlorhydrique en chlorure de magnésium, qu’il n’y a plus qu’à traiter comme on l’a indiqué tout à l’heure.