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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/92

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les plus importantes. En Égypte, c’est à elles qu’appartiennent les écoles de Coptes ou chrétiens indigènes ; en Palestine, la Custodie de Terre-Sainte. En Syrie, elles ont 200 écoles, avec 15 000 élèves ; et ce sont les Jésuites français qui, à côté de leur séminaire, ont créé pour les rites orientaux, avec leur École de médecine, la célèbre Université de Beyrouth, dont les débuts furent encouragés par Gambetta et que notre gouvernement continue à subventionner. A Jérusalem, ce sont les Dominicains français qui ont fondé et qui dirigent l’école d’études bibliques de Saint-Etienne, école qui attire des savans de tout pays et de toute confession. Bref, les congrégations non autorisées sont, le plus souvent, l’honneur et la force de ce qu’on a si justement nommé la France du Levant[1].

Si, d’Asie et du vieux continent, nous passons au nouveau monde, nous rencontrons partout, des bords de la Plata et du Parana aux rives du Saint-Laurent ou du Mississipi, jadis découverts ou explorés par leurs prédécesseurs, des religieux français avec des écoles françaises, Jésuites, Dominicains, Bénédictins, Maristes, Eudistes, frères et sœurs de tout ordre et de toute robe. Le Canada, resté ou redevenu leur pays de prédilection, est comme une colonie de ces religieux de France ; une seule congrégation, les Oblats de Marie, y dirige 213 établissemens, écoles et hôpitaux. On peut dire que, si cette noble terre canadienne est demeurée si française de langue et de cœur, c’est, pour une large part, nos religieux et nos religieuses que nous en devons remercier. Les supprimer ou les priver de l’appui et des renforts de leurs maisons françaises, ce serait porter à notre France trans-atlantique le coup le plus rude qu’elle ait subi, depuis que Voltaire se consolait de l’abandon de ces « arpens de neige. »

Ces glorieux services, oubliés ou méconnus des meneurs de l’anti-cléricalisme, il n’est pas besoin d’être catholique pour s’en souvenir : il suffit d’être Français. A la veille de la discussion de la loi Waldeck-Rousseau, un groupe de savans et de professeurs du haut enseignement, pour la plupart étrangers à l’Église, adressait au président de la commission du droit d’association une lettre publique, pour lui signaler les périls dont le projet de loi menaçait l’influence française au dehors. « Nous sommes, affirmaient les signataires de cette lettre, des adversaires résolus de

  1. M. Etienne Lamy. — Voyez la Revue des 15 novembre et 15 décembre 1898 1er janvier, 1er ars, 15 avril et 15 septembre 1899.