assurément tout ce qu’on a pu pour obliger (les marchands) de le mettre à terre. Je les ai menacés moi-même à leurs bords de faire enlever et confisquer tout ce qui s’y trouverait. Je crois que c’est la moindre perte qu’on ait faite ; mais la cochenille et les autres fruits sont considérables[1]. »
Quoi qu’il en soit, il paraît désormais établi que tout ce qui ne fut point dirigé à temps vers l’intérieur devint la proie de l’ennemi. Ainsi doit s’évanouir définitivement la légende suivant laquelle d’immenses trésors demeureraient engloutis dans les profondeurs de la baie. Ainsi s’explique l’insuccès des diverses entreprises successivement organisées pour les y rechercher. Jamais les plongeurs n’en ont ramené guère autre chose que des canons et des ancres.
Château-Renault allait-il avoir à supporter la responsabilité d’un tel désastre ? Un instant, il eut à le craindre et, pour lui, venait ainsi s’ajouter à la douleur d’avoir dû anéantir son escadre celle d’avoir à faire justice des plus odieuses calomnies et des plus perfides insinuations. « On voudrait ici donner le tort à M. De Château-Renault du malheur arrivé à Vigo, écrit de Madrid la princesse des Ursins, le marquis de Villafranca l’en a accusé plusieurs fois à la junte[2]. » Et sur quoi Villafranca fondait-il son accusation ? Sur un manifeste tendant à disculper le prince de Barbançon, manifeste paru sous le nom de ce dernier qui le désavoua plus tard. En vue de déshonorer l’amiral, d’autres allaient jusqu’à dire que, à la suite d’une entente avec les agens commerciaux de Séville, il empêcha le débarquement des effets perdus, alors qu’il s’évertua sans cesse à exciter les marchands au déchargement de ces effets[3]. Enfin Renau, dont les avis n’avaient point été suivis, lorsque, sans pouvoir offrir à la flotte un autre mouillage plus sûr, il conseillait de l’emmener hors de la baie, n’hésite pas, pour vanter sa propre perspicacité, à se mêler aux détracteurs de son chef : « Plus je songe à notre