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LE CIMETIÈRE CATHOLIQUE
DE PÉKIN

Les coutumes judiciaires des Chinois, déterminées, comme leurs mœurs et leurs pratiques administratives, par l’adoration des ancêtres, comportent des pénalités contre les morts. Certains criminels sont ainsi frappés d’un châtiment ajouté à la peine capitale par la suppression de tout honneur et de tout culte pour leurs ascendans décédés, dont les cendres sont même, parfois, exhumées et dispersées. Et cette pénalité est la plus lourde et la plus redoutée de toutes, car elle jette au néant les familles et réduit à l’état d’épaves sociales ceux qui les continueront, puisque aucun protecteur ne veillera désormais sur eux et ne leur conciliera les faveurs des génies bienfaisans de la Terre et des Eaux.

La secte de furieux, savamment entraînés à la frénésie par des pratiques épileptiformes et que les Anglais ont baptisés « les Boxeurs, » n’a eu garde d’oublier que les blancs croient, eux aussi, à l’intercession de leurs morts auprès de la Divinité. Après avoir exercé sa rage contre les rails, le ballast, les locomotives et les wagons des chemins de fer, les briques des oratoires, des chapelles, des mille hôpitaux et dispensaires, où tant d’indigènes avaient pu bénir l’ingénieuse charité des Missionnaires, la secte pensa porter aux « Diables de la mer » le coup suprême, leur enlever leur plus grande force en dispersant les cendres de ceux d’entre eux qui dormaient leur dernier sommeil à l’ombre de la croix. Et les « Boxeurs » ont impartialement profané tous les cimetières, chrétiens orthodoxes, protestans ou catholiques.

Le plus important de ces champs de repos était le cimetière catholique de Cha-la-eurl, situé en dehors de Ping-tze-men, une des portes