notre part ne refroidisse nos rapports avec la Russie, et ils nous donnent à ce sujet des avertissemens variés. Hier encore, à l’occasion du Livre Jaune de M. Delcassé sur les affaires de Macédoine et de la politique, pourtant bien platonique, que nous suivons dans les Balkans, ils se sont emparés d’un article du Novoié Vremia qui exprimait effectivement quelque mauvaise humeur à notre égard, pour mettre en cause l’alliance franco-russe et en constater le déclin. Le Novoié Vremia s’est empressé de protester contre une conclusion pareille : son article n’avait pas tant de portée. Il n’est pas croyable que la France et la Russie se brouillent au sujet des Balkans ; ce serait pousser trop loin la maladresse. Alors la presse allemande a bien voulu nous dire que nos coquetteries avec Rome pourraient finalement déplaire à Saint-Pétersbourg. On se rappelle la comparaison de M. De Bulow sur le tour de valse très innocent que l’Italie a fait avec nous ; l’Allemagne, elle, ne s’en émeut nullement : mais la Russie ? Et voilà que, pour mettre le comble à notre imprudence, nous nous apprêtons à recevoir le roi Édouard VII à Paris ! L’Allemagne, cette fois, ne saurait que s’en réjouir, car elle aime l’Angleterre et en est aimée, comme tout le monde le sait : mais la Russie ? Eh bien ! nous sommes convaincu, et la lecture de ses journaux nous a confirmé dans cette pensée, que la Russie voit sans la moindre inquiétude l’amélioration constante de nos rapports avec l’Italie et avec l’Angleterre. Assurément, elle n’a rien à en redouter. Notre alliance avec elle repose sur des bases solides, dont l’entretien est la principale préoccupation de notre diplomatie. Dès lors, pourquoi prendrait-elle ombrage de nos rapports avec l’Italie et avec l’Angleterre ? N’avons-nous pas trouvé naturels et légitimes ceux qu’elle n’a pas cessé d’entretenir avec l’Allemagne ? Et, nous-mêmes, nous ne demandons qu’à avoir de bons rapports avec Berlin. Les alliances européennes, reposant sur des intérêts permanens, participent à leur caractère : l’objet en reste fixe, et chacune des puissances contractantes sait ce que, dans un cas donné, elle peut attendre de l’autre ou des autres. Mais, ces alliances ayant pour but commun le maintien de la paix, tout ce qui peut y contribuer par d’autres moyens encore est le bienvenu, et nul ne contestera que la courtoisie et la cordialité des rapports qui s’établissent ou se resserrent entre les puissances y contribuent de la manière la plus efficace.
Aussi serons-nous heureux de recevoir le roi Édouard VII à Paris, non seulement à cause des souvenirs qu’y a laissés autrefois le prince de Galles, mais parce qu’il est le souverain d’un pays qui a rendu