entra dans la Confédération du Nord. Le territoire situé au sud du Mein demeura indépendant.
La Bavière était l’Etat non protégé et même abandonné par tout le monde ; Bismarck ne pardonnait pas à Pfordten d’avoir déçu l’espérance que, jusqu’au dernier moment, il avait mise en son concours. Il le raillait, le tournait et le retournait sur le gril. « Personne ne s’intéressant à votre sort, lui disait-il, il est équitable que vous payiez pour tous. » Et il lui demandait 75 millions de francs et le cinquième de son territoire. Pfordten, désespéré, trouvant la situation intenable, se recommanda à l’Empereur sans trop d’espoir, lorsque le salut lui arriva de ce côté, mais d’une manière à laquelle il ne s’attendait pas.
Le projet de traité belge amena ce coup de théâtre. Bismarck, soudain retourné, se rendit chez Pfordten, muni du petit papier de Benedetti. « Vous comptez, lui dit-il, sur l’appui de la France ? Lisez. » Pfordten lut et resta stupéfait. « Vous voyez, dit Bismarck, qu’on vous livre à nous ; voilà comment on vous soutient. » Puis, d’ironique devenant amical : « L’ambition française veut absolument s’assouvir ; ils ont retiré une première demande de cession de la rive gauche du Rhin, mais c’est parce qu’ils n’étaient pas suffisamment prêts ; leur renonciation n’est qu’une feinte ; dès qu’ils seront en force, ils recommenceront ; de la Belgique, ils se porteraient sur le Rhin. Nous sommes tous les deux Allemands ; oublions ce qui nous a divisés, embrassons-nous ; je renonce à toutes mes revendications ; je ne vous demande que l’engagement de m’assister contre l’ennemi de la patrie commune. » Ils s’embrassèrent[1], et, sans débrider, ils conclurent le traité suivant :
« I. Entre Sa Majesté le Roi de Prusse et Sa Majesté le Roi de Bavière est conclue une alliance offensive et défensive. Ils s’assurent mutuellement l’inviolabilité du territoire de leurs pays, et s’engagent, en cas de guerre, à mettre à cet effet toutes leurs forces militaires à la disposition l’un de l’autre.
II. Le Roi de Bavière remet pour ce cas au Roi de Prusse le commandement supérieur de ses troupes. En cas de guerre, sans restriction ni spécification : que la guerre soit offensive ou défensive, en Allemagne ou ailleurs, sans qu’il y ait lieu par conséquent, dans aucune hypothèse, à discuter le casus fœderis. »
- ↑ Bismarck. Discours du 26 octobre 1867.