en même temps en rapports assidus avec un certain La Gardette, lequel était, dans le procès, le procureur des adversaires de Luxembourg. Il est également avéré que, le jour même où Lesage eut en mains le pouvoir signé par le duc, La Gardette en fut informé par les soins de Botot et prit copie du document dans l’intérêt de « ses parties. » Cela fit croire que La Gardette, en praticien retors, avait bien pu machiner cette intrigue, pour servir ses cliens et mettre dans leur jeu ce singulier atout. Mais, quand plus tard eurent lieu toutes ces révélations, et malgré les instances réitérées de Luxembourg, La Gardette, à aucun moment, ne fut l’objet d’un interrogatoire ; tous les efforts du maréchal échouèrent devant l’obstination des juges[1]. Ce point, — du reste secondaire, — demeure donc enveloppé d’une ombre impénétrable.
Un fait non moins certain et pareillement suspect est que Lesage, presque au lendemain du jour où lui fut remis le pouvoir, fut arrêté par les recors en compagnie dudit Botot, dans les habits duquel on trouva cette pièce importante. Tous deux passaient près du Petit-Châtelet, allant, prétendirent-ils, « au collège de Clermont pour savoir de quelque casuiste s’il n’y avait point de mal à ce que l’on voulait d’eux pour le service de M. De Luxembourg, » quand la police fondit sur eux et les poussa l’un et l’autre en prison[2]. Interrogé huit jours après sur le papier « signé du nom de Montmorency-Luxembourg » et revêtu d’un cachet à ses armes, Lesage, dans ce premier moment, assura qu’il ne s’agissait que de « questions d’astrologie, » et qu’il comptait par ce moyen « tirer du duc bonne récompense. » On n’en demanda pas plus long. Le pouvoir fut enfoui dans les profondeurs du dossier, sans que personne alors prévît quelles en seraient les conséquences.
Le maréchal, pendant ce temps, s’étonnait fort du silence de Bonnard. Deux jours durant, il le fit rechercher ; l’intendant restait introuvable. Une visite qu’il reçut contribua, sur ces
- ↑ La Gardette, quand Luxembourg fut traduit devant la Chambre ardente, s’attendait si bien à être mis sur la sellette, qu’il en tomba « malade de peur. » On assure d’ailleurs que Botot, tandis qu’on le conduisait aux galères, conta à ceux qui l’escortaient que « tout ce qui avait été fait par Lesage l’avait été par ordre de La Gardette. »
- ↑ Interrogatoires de Lesage, du 22 mars 1679 et du 9 février 1680. Archives de la Bastille.