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L’IRLANDE
ET
L’IMPÉRIALISME BRITANNIQUE

L’Irlande, politiquement, s’est réveillée. Au centre de cet empire britannique dont la guerre et la conquête viennent de resserrer, de fortifier l’unité, l’Irlande indomptée se reprenait naguère à défier l’Angleterre. Il y a peu de mois, à la Chambre des communes, par les mains de quelques-uns de ses représentans, elle applaudissait au désastre du général Methuen ; à Galway, ayant à élire un député, elle choisissait l’homme qui rentrait, disait-il, de combattre dans les rangs des Boers ; en août dernier, elle refusait, en la personne de ses élus, d’assister au couronnement du roi Edouard. L’Impérialisme, — avec cette terrible et poignante « illustration » qu’il s’est donnée lui-même dans la guerre sud-africaine, après qu’il eut par un travail de longues années pris possession de l’âme de la démocratie anglaise, — l’Impérialisme a réveillé le sphinx irlandais. Il est intervenu, comme un facteur nouveau, dans cette éternelle question d’Irlande, toujours pareille et toujours nouvelle, il est venu par une réaction fatale exciter les passions et précipiter les événemens, à peu près comme avait fait, il y a un peu plus de trois siècles et demi, l’introduction de la Réforme par l’Angleterre protestante dans l’Irlande catholique. S’il n’est pas la cause unique, ni peut-être même la cause essentielle de la crise qui depuis trois ans s’est déroulée en Irlande et dont on voudrait exposer