l’opposition constitutionnelle, que je vous envoie, parlait de vous dans les meilleurs termes. Il n’y a pas jusqu’au Charivari qui n’ait trouvé moyen, dans une parade d’ailleurs très ridicule, de faire votre éloge (31 mai). Enfin, le National de ce matin 2 juin répond à la Patrie d’hier et le fait comme il le pouvait faire, injustement et brutalement. Je ne vous parle pas du Journal des Débats : il a eu le bon goût d’être mesuré. Le parallèle entre le grand Condé et vous a été envoyé par Dumas ; j’ai été autorisé à refroidir un peu sa première rédaction ; je trouve que le rapprochement était bien assez fort par lui-même. Il est sans doute très curieux, mais votre modestie s’en effarouchera, j’en suis sûr, quelque bienveillant qu’il soit, quelque enclin que vous soyez ; à le justifier. Au surplus, il y a un autre rapprochement que j’ai fait, moi, sans le communiquer à personne, mais que je ne crois pas moins fondé : quand le Duc d’Enghien fut au moment de livrer la bataille de Rocroi, vous savez que le maréchal de Gassion s’efforça de l’en dissuader : « Que ferez-vous si vous êtes vaincu ? » « Je serai mort avant d’être témoin de la défaite, » répondit Condé. Et je crois bien que c’est une pareille réponse que faisait tout bas votre courage aux objections de votre prudence. Aussi, votre courage l’a emporté.
J’ai voulu, mon cher Prince, en vous signalant jour par jour l’esprit des journaux sur votre fait d’armes, beaucoup moins vous enorgueillir que vous montrer, ce que vous savez de reste, que nous ne vivons pas dans un pays de sauvages et qu’il y a encore au fond des âmes un sentiment, très équitable et très monarchique, qui les prédispose en faveur des princes. L’effet produit par votre dépêche a été grand ; la presse n’a fait que le traduire. M. le général Jamin ayant communiqué, dès le premier jour, la lettre qu’il venait de recevoir de son fils, toute la Chambre en a été émue et remuée, et le débat de la loi des Monnaies presque interrompu. Dans le public, même émotion ; on vous a su gré de votre décision énergique et de votre langage modeste ; on vous à su gré de nous avoir rendu un de ces glorieux bulletins d’autrefois ; enfin, on s’est félicité, dans les rangs conservateurs, de ce gage nouveau donné par votre belle conduite à la stabilité de la dynastie. Tel est, mon cher Prince, le résumé très succinct de l’impression qui s’est produite ici sous toutes les formes. Je ne vous parle pas des militaires ; ils sont ravis. « Il faut être du métier, me disait hier Dumas, pour comprendre