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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 15.djvu/795

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« Cette dernière se portera sur la ligne Buchy, Château-Salins et poussera ses avant-postes sur la Seille. Elle cherchera, si possible, à s’assurer les passages de Pont-à-Mousson, Dieulouard, Marbache, etc. La cavalerie reconnaîtra au-delà de la Moselle.

« La IIIe armée continuera la marche en avant vers Nancy, Lunéville. Des ordres seront donnés prochainement pour son emploi ultérieur… »

Le 13 août à 9 heures du soir, du grand quartier général de Herny, ces ordres sont complétés[1] ainsi qu’il suit pour les Ire et IIe armées :

« D’après les nouvelles reçues jusqu’ici, des fractions ennemies importantes se trouvaient encore ce matin en deçà de Metz, à Servigny et à Borny.

« Sa Majesté prescrit, par suite, à la Ire armée de rester, demain 14 août, dans sa position sur la Nied française, en poussant des avant-gardes pour observer si l’ennemi se retire ou bien passe à l’offensive.

« En prévision de cette dernière éventualité, la IIe armée portera, demain, le IIIe corps tout d’abord jusqu’à la hauteur de Pagny seulement, et le IXe corps vers Buchy dans la direction de la Moselle. Ils seront ainsi à la distance d’un mille, et à même, en partant à temps, de coopérer à une action sérieuse devant Metz. D’autre part, la Ire armée est en situation d’empêcher par une attaque de flanc tout mouvement de l’ennemi vers le sud… » Les Ire et IIe armées étaient ainsi, par ces deux ordres successifs, complètement orientées pour la journée du 14 août. C’est ce jour-là qu’a lieu la bataille de Borny, la première rencontre sanglante des armées allemandes avec l’armée du maréchal Bazaine. La correspondance militaire du maréchal de Moltke ne donne aucun renseignement sur cette bataille ; mais une publication allemande : « Jours critiques, » par le colonel prussien « Cardinal von Widern, » analysée en 1901 par notre Bévue militaire officielle des armées étrangères, fournit des indications complètes et bien intéressantes sur l’intervention du grand état-major pendant cette journée.

Le grand état-major avait envoyé, le 14 août de bonne heure, un de ses officiers, le lieutenant-colonel von Brandenstein, visiter les avant-postes de la Ire armée[2]. Brandenstein constate

  1. Correspondance militaire du maréchal de Moltke, 1er vol., p. 281.
  2. La Ire armée, commandée par le général de Steinmetz, comprenant les 1er, 7e et 8e corps prussiens.