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Cette bataille est due à l’initiative, très risquée encore, mais remarquable de hardiesse et de persévérance, du général von Alvensleben, commandant le IIIe corps, aidé par deux divisions de cavalerie, par le Xe corps et quelques autres élémens de la IIe et de la Ire armée. Quand le prince Frédéric-Charles, commandant en chef de la IIe armée, apprend la situation périlleuse du IIIe corps, il monte à cheval, fait 21 kilomètres en une heure et demie, atteint le champ de bataille à 4 heures et demie, vers le bois Saint-Arnould, et, sans hésiter, donne l’ordre de continuer l’offensive. Son intervention empêche les Allemands de céder.

Le 17 août, les Ire et IIe armées allemandes sont concentrées sur les emplacemens de la bataille de la veille. Le 18 août, a lieu la grande bataille de Saint-Privat. Les ordres donnés par le Roi pour cette journée comprennent les prescriptions relatives à un mouvement général en avant, qui s’exécute par masses de division, le 18 au matin, mais sans but déterminé ; car on ignore où sont les Français. Puis, à 10 h. 30, de la hauteur au sud de Flavigny, est expédiée l’instruction[1] suivante au commandant de la IIe armée :

« D’après les renseignemens reçus, on peut admettre que l’ennemi veut se maintenir sur le plateau entre le Point-du-Jour et Montigny-la-Grange.

« Quatre bataillons ennemis se sont avancés dans le bois des Génivaux. Sa Majesté estime qu’il y a lieu de mettre le XIIe corps et la Garde en marche dans la direction de Batilly, afin, soit d’atteindre l’ennemi près de Sainte-Marie-aux-Chênes, dans le cas où il se retirerait vers Briey, soit de l’attaquer d’Amanvilliers, dans le cas où il resterait sur la hauteur. L’attaque devrait être donnée simultanément par la Ire armée venant du bois de Vaux et de Grave lotte, par le IXe corps contre le bois des Génivaux et Vernéville, et par l’aile gauche de la IIe armée venant du nord. »

Et c’est à peu près tout. Le reste est dû à l’initiative du prince Frédéric-Charles et de ses commandans de corps d’armée, notamment de la Garde et du XIIe corps saxon. Pendant cette bataille formidable, le maréchal Bazaine n’est pas sorti de son logement ou du plateau de Plappeville.

  1. Correspondance militaire du maréchal de Moltke, 1er vol., p. 297.