Kellermann, le héros de Valmy. Celles du général Anselme, dans le comté de Nice, forment l’armée d’Italie, sous le commandement du général Biron, appelé de l’armée du Rhin.
Le général Kellermann ne tarde pas à donner de l’ombrage. Dans une lettre à la Convention, du 10 avril 1793, il propose de laisser les Piémontais s’épuiser contre nos places fortes et se ruiner en hommes et en dépenses, pendant que lui-même rassemblera ses troupes dans de bonnes positions pour les dresser et « les instruire aux grands mouvemens de l’armée. » Après quoi, il marchera à l’ennemi, livrera bataille, et reprendra facilement les places perdues. Sa lettre est interceptée à Lyon par ordre des représentans, en mission de ce côté, qui concluent que Kellermann est un traître : les uns, parce que les troupes qu’il veut exercer, n’en ont pas besoin puisqu’elles ont fait la campagne précédente ; les autres, parce que Kellermann veut livrer « une superbe bataille » pour traiter ensuite de la paix avec les Prussiens, dont il a conquis les bonnes grâces à Valmy (Lettres au Comité de salut public des 13 et 14 avril 1793). Kellermann est mandé à Paris ; mais, défendu par d’autres représentans, il réussit à se faire maintenir à son poste.
A l’armée d’Italie, Biron déploie, pendant les trois premiers mois de 1793, et malgré l’hiver, une grande activité ; puis il est, à son grand regret, enlevé à son commandement et envoyé en Vendée, où, écœuré par le désordre, par l’indiscipline des volontaires, il ne tarde pas à donner sa démission.
Le général Brunet le remplace à l’armée d’Italie et fait preuve d’énergie, ainsi que ses lieutenans Sérurier et Masséna. La position formidable de l’Aution est attaquée à fond, avec une vigueur remarquable, à trois reprises différentes. Elle reste à l’ennemi ; mais le Mangiabo, Breil et Brouïs sont à nous ; et de plus, la droite de l’armée des Alpes a pu profiter de ces efforts, pour s’emparer de la Haute-Tinée. Maigre ces preuves de valeur très réelle, Brunet est destitué. Dénoncé à la Convention par les représentans du peuple, pour n’avoir pas voulu leur envoyer des renforts à l’effet de réprimer l’insurrection de Marseille, et s’être ainsi refusé « aux grandes mesures de salut public, » il est condamné à mort et exécuté le 14 novembre 1793.
Vers la même époque, et malgré des succès contre les Piémontais, Kellermann est jeté en prison et y reste pendant un an.