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petite ville et dans les auberges en particulier. En ce cas, il n’y a pas à hésiter. Ce que nos hôtels et nos auberges doivent réformer avant tout, ce n’est pas le vivre, presque partout suffisant et souvent excellent, c’est le couvert. Dans celui-ci, deux choses sont à considérer, l’installation et l’entretien. Si la première est parfois convenable, le second laisse presque toujours énormément à désirer. Ce n’est pas tout d’avoir un lit avec des draps propres, il faut qu’il en soit de même de toute la literie ; il faut que la table de toilette soit large et commode, l’eau et le linge abondans, les sièges et les portemanteaux solides ; il faut que la pendule donne l’heure et que les sonneries d’appel marchent ; il faut que les portes et fenêtres ferment bien ; il faut surtout que chaque objet soit d’une propreté resplendissante. Le touriste n’exige que les meubles essentiels, mais il veut les sentir soignés journellement. Il préfère avec raison un parquet ciré bien net à un tapis sale, un simple fauteuil canné à un voltaire crasseux. Surtout il faut que cette propreté ne s’arrête pas à la chambre. Je me souviens encore de l’impression exquise que j’ai eue en entrant, à l’auberge du Sappey, dans une simple salle récemment blanchie à la chaux, avec, pour tout ornement, quelques branches de sapin accrochées aux murs, et en m’asseyant devant une modeste table en bois blanc, mais que recouvrait un linge d’une propreté immaculée. Combien j’étais loin de la classique salle à manger des hôtels de petite ville, avec ses faux-bois prétentieux où des générations de voyageurs et de domestiques ont laissé leurs traces, avec les nids à poussière de ses tentures défraîchies, avec sa table d’hôte en pseudo-vieux chêne, recouverte d’une nappe douteuse ! Qu’on ne s’y trompe pas, le développement du1 tourisme en France est, par-dessus tout et avant tout, une question de propreté.

On le comprend et on a déjà beaucoup fait pour y remédier, grâce à trois sociétés dont les efforts sont des plus méritoires, le Touring-Club de France, le Comité d’action pour favoriser les voyages en France et le Syndicat des grands hôtels. Sous l’active et énergique impulsion de son Conseil d’administration, présidé par un homme dont l’esprit est aussi avisé que pratique, M. Ballif, le premier a accompli une œuvre véritablement merveilleuse. Au point de vue spécial des hôtels, il a établi un type de chambre hygiénique qui est déjà adopté dans beaucoup d’endroits ; il a surtout fait la plus utile des réformes en