même temps, pour guider la manœuvre des pilotes. Vers 736, les Grecs, disciples et héritiers des Phéniciens, les supplantèrent à Malte, jusqu’à ce qu’au début du IVe siècle, le retour offensif du sémitisme la fit tomber sous le joug des Carthaginois. Victorieuses à leur tour, deux siècles après, les trirèmes de Rome s’emparèrent de Melita : elle fait partie, dès lors, de l’immense empire qui embrasse toute la Méditerranés ; elle devient une station navale pour les flottes romaines, un port de relâche très fréquenté.
C’est pendant cette longue période, qu’une nuit d’automne de l’année 50, un vaisseau d’Alexandrie, qui arrivait de Lystre, en Lycie, poussé par une violente tempête du nord-est, vint s’échouer sur la côte septentrionale de l’île, où son équipage et ses passagers, en tout 273 personnes, furent recueillis. Or, il y avait à bord un juif de Tarse, nommé Paul, qui se rendait à Rome, sous la garde d’un centurion, pour y être jugé par César ; bien accueilli chez « le premier de l’île, » nommé Publius, il y séjourna durant trois mois, guérissant les malades, prêchant l’évangile du Christ, convertissant les habitans à la foi nouvelle[1]. Jamais, dans la fertile Malte, graine confiée à la terre n’a germé comme la semence jetée par ce naufragé ; de tous les conquérans successifs qui ont passé sur l’île, celui-là est le seul dont le règne ait été durable et que les Maltais n’aient point oublié. Convertis, pour la plupart, dès le premier siècle, ils sont restés, malgré la longue domination des Arabes, profondément attachés au catholicisme. Croyans d’une foi simple et ardente, comme des hommes actifs, à qui la vie de marin ou de marchand ne laisse pas le loisir d’imaginer des systèmes et d’épiloguer sur des mots, pieux, comme tous les peuples méridionaux, d’une dévotion un peu démonstrative, un peu en dehors, ils tiennent le catholicisme comme indissolublement lié à la conservation de leur âme nationale ; passionnément dévoués au Saint-Siège, ils respectent dans leur évêque, qui est en même temps archevêque de Rhodes, la première autorité de l’île. Ainsi, ni les siècles, ni les révolutions n’ont pu prévaloir contre la parole apportée, un jour de tempête, par l’apôtre.
Après six siècles de « paix romaine, » de nouveaux peuples fondirent sur l’île paisible : les Vandales s’en emparèrent en 454,
- ↑ Actes des Apôtres, XXVII et XXVIII.