principes qu’ils auraient arrêtés, et concerter avec le roi les mesures les plus propres à accélérer la restauration des autels et du trône. » Cette proposition, qui eût subordonné l’Église de France à une sorte de Conseil des Dix, étranger à toute règle canonique, rencontra peu d’assentimens. Mais au début de l’année suivante, Louis XVIII, sans se lasser, réclama l’intervention des évêques pour la bonne composition des assemblées primaires : il leur fit demander, écrit M. Sicard, « d’envoyer des missionnaires dans leurs diocèses, comptant bien que ces apôtres de l’Évangile seraient en même temps les messagers de la royauté. »
Certains zèles épiscopaux lui furent tout de suite pleinement acquis : le prétendant, se sentant encouragé, commença d’élaborer un plan beaucoup plus vaste. En octobre 1797, il créait lui-même, de sa propre autorité, un comité des Cinq, qui devait, à la façon du Comité des Dix naguère projeté, régir l’épiscopat. Les archevêques de Reims et de Toulouse, les évêques de Saint-Pol-de-Léon, Clermont et Boulogne, en étaient les membres. Dans la note qu’il leur adressait, Louis XVIII les investissait d’une « mission secrète et bien plutôt politique que religieuse » ; il leur demandait de choisir des prêtres sûrs pour en faire les « apôtres de la royauté, » pour « soutenir, fortifier, diriger l’opinion » en faveur de la monarchie. « Je désire, écrivait-il, que les ecclésiastiques soutiennent parmi mes sujets l’esprit monarchique en même temps que l’esprit religieux, qu’ils les pénètrent de la connexion intime qui existe entre l’autel et le trône, et de la nécessité qu’ils ont l’un et l’autre de leur appui mutuel, qu’ils leur disent bien que l’Église catholique, sa discipline, sa hiérarchie, cet ordre merveilleux qui, pendant tant de siècles, l’ont conservée pure de toutes erreurs, ne se lie bien qu’à la monarchie et ne peut exister longtemps sans elle ; enfin, qu’ils leur démontrent que, comme sans la religion ils ne peuvent compter sur le bonheur dans l’autre vie, de même, sans la monarchie, ils n’en peuvent espérer aucun dans celle-ci. »
C’était aller trop loin : la théologie, sur les lèvres mêmes des évêques les plus royalistes, allait s’insurger contre le roi. Les cinq prélats qu’il avait l’air de sacrer comme les plus authentiques d’entre ses féaux se permirent de débrouiller, en leurs réponses, les confusions compromettantes auxquelles s’abandonnait la plume royale. « Il est de la plus grande importance, observait M. Talleyrand-Périgord, archevêque de Reims, que les ministres de la religion aient une marche absolument isolée de tout intérêt temporel. L’autorité de la