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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 15.djvu/936

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REVUE LITTÉRAIRE

TRENTE ANS DE POÉSIE FRANÇAISE

On a souvent déploré que l’art, la littérature et surtout la poésie n’eussent rien à gagner aux fêtes du commerce et de l’industrie connues sous le nom d’Expositions universelles. Ce n’est pas tout à fait exact. A l’Exposition de 1867 nous devons l’excellent rapport que rédigea Théophile Gautier sur les Progrès de la poésie. De même, au lendemain de notre dernière Exposition, M. Catulle Mendès a été chargé de composer un Rapport sur le mouvement poétique français, de 1867 à 1900[1]. Lorsqu’il eut achevé son travail, M. Mendès fut pris d’un scrupule, et songeant que le ministre auquel il avait affaire était par ailleurs un poète, il lui vint une crainte sur l’accueil réservé à son œuvre. « Il me serait moins précieux qu’elle fût agréée par le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, si elle n’était approuvée par l’auteur du Coffret brisé et de la Lyre d’airain… » c’est par ce compliment que se termine l’épître dédicatoire adressée par M. Catulle Mendès à M. Georges Leygues. A ce propos nous ne pouvons nous empêcher de faire une remarque. C’est que Racine et Boileau ne ménageaient certes pas la louange à Louis XIV ; mais du moins ils ne se croyaient pas obligés d’admirer ses vers.

Le rapport de M. Catulle Mendès se présente sous des apparences assez volumineuses. Il ne faut pas nous laisser effrayer par ces apparences ; car plus de la moitié du volume est remplie par un « Dictionnaire » où le nom de chacun des poètes du XIXe siècle est suivi de

  1. Rapport à M. le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts sur le mouvement poétique français de 1867 à 1900, par M. Catulle Mendès. — Imprimerie nationale.