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direction générale de l’opération, autant que d’un manque de cohésion entre les troupes des différens contingens qui participèrent ii cette affaire, fut fatale au brave 14e régiment d’infanterie américaine, qui, d’après le rapport du général Chaffee, perdit dans cet assaut plus de 30 hommes, du feu des batteries russes et anglaises, — écrit-il, — chargées de la préparation de l’attaque de cette position.

En revanche, il est quelques services dans l’organisation desquels les Américains se firent particulièrement remarquer : c’est, par exemple, dans la régularité du fonctionnement de leurs transports à la suite des colonnes. Leurs fourgons de vivres, de campement, de bagages, etc., quoiqu’un peu lourds pour la période des pluies du Pé-tchi-li, traînés par des attelages de six magnifiques mules, passaient par les chemins les plus difficiles. C’est dans la rapidité avec laquelle leurs lignes télégraphiques de campagne étaient installées ; c’est aussi dans les perfectionnemens apportés dans la confection de certaines parties de l’équipement ou de leur matériel de campagne : ainsi, leurs cuisines de bivouac, dont les différentes pièces se démontaient et s’emboîtaient l’une dans l’autre de manière à en faciliter le transport et à en permettre le remontage et le fonctionnement, en plein champ, au bout de quelques minutes, étaient des plus ingénieuses. Leurs tentes d’hiver, à double enveloppe, spacieuses et munies à l’intérieur d’un appareil de chauffage, étaient commodes et très bien comprises, au point que seuls, parmi les troupes alliées, les Américains purent affronter, au bivouac, les rigoureuses températures du climat du Pé-tchi-li.

On retrouvait, dans les détails de leur vie de campagne, quelques-unes des habitudes des grands éleveurs de bétail des steppes du Dakota ou des immenses prairies du Texas. Par exemple, rien n’était plus curieux que de voir, à l’étape, deux ou trois cavaliers faisant office de « cow-boys, » montés sur de superbes chevaux et armés d’un simple fouet, conduire à l’abreuvoir un véritable troupeau de 30 à 50 mules, en liberté, dressées à suivre docilement l’une d’entre elles qui, munie d’une clochette, servait de guide au reste de la bande. Pour la formation d’un convoi, on divisait ces animaux par petits groupes ; chaque mulet recevait sur son bât un chargement d’une soixantaine de kilogrammes ; en tête de chaque groupe marchait un « cow-boy, » à côté d’un mulet-guide ; deux autres cavaliers suivaient le