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sous-officiers allemands une raideur exagérée, ou, à plus proprement parler, une sévérité trop cassante, dans leurs rapports avec leurs subordonnés, en toutes circonstances, c’est-à-dire non seulement dans le service, — ce qui se justifie par la rigueur d’une très forte discipline, — mais aussi hors du service, ce qui paraît à nombre d’officiers d’une utilité très contestable, principalement dans la vie de campagne, attitude qui contrastait singulièrement avec la manière d’être du chef au soldat, dans certains autres contingens, notamment dans les contingens français, russe et américain. Ce qui ressortait encore d’une manière frappante, aux yeux des autres alliés, dans l’attitude de l’officier comme du soldat de ce contingent, c’est une grande assurance, un sentiment d’orgueil qui se manifestait parfois, par exemple dans l’échange des marques extérieures de respect, d’une manière quelque peu théâtrale et qui, en tout cas, témoignait chez tous d’un excellent moral, d’une superbe confiance en soi, — fruit, sans doute, d’un chauvinisme surchauffé au cours d’une longue traversée et, aussi, du grand enthousiasme national provoqué par la nomination de l’un de leurs maréchaux aux fonctions de généralissime.

Nous n’omettrons point, enfin, de signaler encore, dans le même ordre d’idées, principalement par cette considération, qu’on en trouve l’expression dans tous les comptes rendus officiels et non officiels allemands, le désir ardent que l’on sentait au fond de tous les cœurs, — et que l’on aurait été tenté de qualifier d’immodéré, s’il ne s’agissait de soldats, c’est-à-dire de gens dont le métier est la guerre, — de rechercher les occasions de livrer bataille, en courant sus à ces bataillons de réguliers chinois, disséminés sur quelques points du Pé-tchi-li, et qui, ayant reçu comme instructions de leur Gouvernement, peu après la prise de Pékin, d’éviter tout conflit, toute rencontre avec les alliés et, le cas échéant, de céder le terrain à leur approche, s’ingéniaient à se tenir hors de l’atteinte de leurs bouillans adversaires. « Il ne suffit pas de vouloir livrer bataille, écrivait, à ce propos, le correspondant du Frankfurter Zeitung, il faut avant tout trouver un adversaire qui ait celle même intention. Cet adversaire faisait défaut, malheureusement, à l’arrivée du corps expéditionnaire allemand. A quoi bon, dans ces conditions, toute la science tactique et stratégique d’un Waldersee, lorsque, par suite de l’arrivée si tardive de ce corps