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sociétés ayant effectué des versemens à la Caisse des retraites, plus une somme de 340 603 francs affectée aux majorations de retraite, plus 233 384 francs destinés aux sociétés ne constituant pas de pensions de retraite, et qu’il a, en outre, distribué 201 080 francs provenant des fonds prescrits des caisses d’épargne. Les subventions départementales et communales se sont élevées à 736 110 francs ; les dons et legs à 2 811 577 francs.

Le tableau donné ci-dessus porte en lui évidemment beaucoup plus de motifs d’espérance que de résultats acquis en ce qui concerne la solution des divers problèmes. Si les secours aux membres malades sont déjà appréciables et capables d’atténuer bien des besoins, les allocations aux veuves et aux orphelins, aux vieillards, aux infirmes et aux incurables ne sont pas seulement peu élevées, mais elles ne se distribuent qu’en petit nombre et seulement dans quelques sociétés. Quant aux pensions de retraite, le montant en est encore infime, et il ressort de la modestie de tous ces chiffres que nous n’en sommes encore qu’à l’ébauche d’un système économique apte à rendre des services décisifs.

De l’étude statistique qui précède, ce n’est donc pas le rapport encore, hélas ! bien disproportionné entre le remède et le mal que nous voulons retenir ; c’est plutôt la progression extrêmement rapide, dans ces dernières années, des sociétés de secours mutuels et la tendance de l’opinion publique à s’occuper de la question. On y saisit le début d’un mouvement qui, s’il est bien dirigé, peut mener loin. Mais c’est peut-être aller vite en besogne que de chanter déjà victoire, comme le faisait M. le ministre de l’Intérieur dans la conclusion de son rapport de 1901 : « En résumé, disait-il, la mutualité française, qui n’a que cinquante années d’existence régulière, est maintenant sortie de ses limbes et prend un rapide essor. Elle répand ses bienfaits sur tout le pays. En assurant la sécurité aux populations laborieuses, elle consolide l’édifice républicain. Elle se dresse comme une barrière infranchissable devant l’armée du désordre : partisans des régimes déchus, partisans de la révolution sociale. » Outre le tableau, manifestement exagéré, des merveilles accomplies jusqu’à présent par la mutualité dans notre pays, il est permis de sourire de la dernière phrase, d’un effet quelque peu forcé et inattendu.