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et, avant lui, successivement par M. Léon Bourgeois et M. Jacquin, conseiller d’Etat, elle compte, dans son comité directeur, des francs-maçons éminens et, parmi ses adhérens, des sociétés de secours mutuels qui se désignent elles-mêmes, dans le Bulletin de la Ligue, avec les trois points significatifs.

C’est au nom de la doctrine de la solidarité, mise à la mode par un de ses présidens, « les doctrines solidaristes qui, de plus en plus, constituent le fond de l’éducation populaire, la base sur quoi elle s’édifie[1], » que la Ligue de l’Enseignement a entrepris sa propagande en faveur de la mutualité scolaire. Celle-ci fait partie de nombreuses œuvres sociales, scolaires ou post-scolaires, patronages, associations d’anciens élèves, conférences, cours et universités populaires, que la Ligue s’efforce de développer parmi la jeunesse des écoles laïques. Si l’on consulte d’ailleurs, soit le Bulletin de la Ligue de l’Enseignement, soit les rapports officiels de M. Edouard Petit, inspecteur général de l’Instruction publique et membre actif de cette Ligue, on remarque que ligue et gouvernement agissent de concert en tout ce qui concerne les questions d’éducation populaire.

L’idée de la mutualité scolaire n’est cependant pas entièrement neuve. En 1849, dans leurs écoles de La Rochelle, et, en 1855, dans celles de Dunkerque, les Frères de la Doctrine chrétienne firent des essais de mutualité scolaire. A Marseille, en 1869, les Filles de la Charité instituèrent une œuvre analogue qui, d’ailleurs, n’a pas été poursuivie.

C’est à l’initiative de M. Cave, ancien juge au Tribunal de la Seine, vice-président de la Ligue de l’Enseignement, que l’on doit cette floraison étonnante de mutualités scolaires qu’on se plaît à appeler par reconnaissance « les Petites Cave. » Vers 1896, commença la campagne de conférences et de presse. Le ministère de l’Instruction publique ne cessa, depuis ce moment, de se montrer favorable au mouvement. Les instituteurs furent invités à y prêter le concours le plus actif. En 1900-1901, il y eut sept missions mutualistes, confiées à des professeurs de l’enseignement secondaire, chargées de parcourir le territoire et de pousser partout au développement des mutualités scolaires.

« Les sociétés de secours mutuels instituées par. M. Cave, dit M. Edouard Petit dans son rapport déjà cité, ont pour

  1. Rapport de M. Edouard Petit, inspecteur général de l’Instruction publique, sur l’éducation populaire en 1900-1901. Journal officiel du 19 août 1901.