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refuser le droit de cabotage, y compris la navigation entre le Royaume-Uni et les colonies, ou entre une colonie et une autre, aux navires des pays qui réservent ce genre de navigation à leurs bâtimens nationaux, et sur les lois affectant la navigation en général, afin d’examiner si d’autres mesures ne pourraient être prises pour favoriser le commerce impérial sous pavillon britannique. » L’une de ces mesures, la conférence se hâte de l’indiquer dans une autre résolution qui invite les gouvernemens à réviser les contrats des divers services postaux, en raison de l’extension prise à l’étranger par le système des primes et à insérer dans tous les nouveaux contrats des clauses « prohibant les frets excessifs et surtout toute préférence en faveur d’étrangers. »

Du commerce et de la navigation, le protectionnisme s’étend à la finance. Le gouvernement australien aurait désiré que la métropole réduisît les droits de timbre qui atteignent les titres d’emprunts coloniaux et les rendît plus légers que ceux dont sont frappés les fonds d’Etats étrangers. Les colonies sont grandes emprunteuses, et ce privilège fiscal, insinuait sir Edmund Barton, serait une manière de payer de retour le traitement de faveur qu’elles accordent au commerce de la métropole.

Privilèges douaniers et fiscaux, résurrection de l’acte de navigation, protectionnisme intégral en un mot, et, avec le protectionnisme, son compagnon habituel, l’étatisme, qui se manifestait à la conférence dans une motion tendant à l’établissement par le gouvernement de nouveaux câbles télégraphiques, voilà ce que l’impérialisme colonial voudrait acclimater sur la terre classique du laissez-faire et du laissez-passer. Voilà à quoi l’Angleterre devra se résoudre, si elle veut que durent et se développent les seuls résultats qu’ait obtenus la conférence coloniale de 1902.


IV

Quand le Livre Bleu de la conférence a paru, les impérialistes anglais n’ont pas dissimulé leur déconvenue : « Le tableau des résolutions et des résultats, écrivait le Times au lendemain de la publication de ce document, frappera peut-être le lecteur par sa maigreur et l’absence de conclusions. » La désillusion est d’autant plus complète que l’on ne peut guère compter trouver jamais de moment plus favorable : quand, au lendemain