partant sans force et sans grâce. Le Grec, plus ou moins mal payé, qui venait à Rome travailler pour les gens riches et les patriciens à la mode, artisan sans liberté, artiste sans amour, y perdait vite toute tradition. La lassitude et l’indifférence, fussent-elles encore d’une délicieuse élégance, étaient au sommet de la société. Et, tout en bas, le peuple, ou se propageait, comme un incendie, la foi nouvelle, retirait insensiblement, sans qu’on pût s’en apercevoir, et sans qu’il le sût lui-même, l’indispensable force de sa confiance aux œuvres qu’il ne comprenait plus. Et, hors de ce « consentement » tout art allait être aboli. Cent ans après le règne d’Auguste, les bas-reliefs de la colonne Trajane sont d’une frappante médiocrité. Les sculptures de l’arc de Constantin sont des œuvres barbares d’une statuaire tombée en enfance. Ici finit vraiment le monde antique.
Toutes les statues trouvées dans les catacombes sont de signification artistique à peu près nulle. Ce sont, dans la plupart des cas, des images assez douces de « Bons Pasteurs » qui ressemblent fort à des bergers romains à peine christianisés ; des effigies de dieux païens, pris parmi les plus aimables, démarqués à peine et à la hâte baptisés ; ou des statues de rhéteurs dont on grattait tout simplement le nom ou l’épigraphe au socle pour y mettre un nom d’apôtre : il y a là, tout au plus, de quoi ne pas perdre tout à fait la trace presque effacée qui va de l’art romain au moyen âge. En ce sens, les statuettes, rares et gauches, des premiers temps chrétiens sont les « Petits-Poucets » informes qui perdront le chemin de la beauté, mais le retrouveront un jour pour transmettre les paroles nécessaires aux imagiers des naissantes cathédrales. A Byzance, pourtant, par un effet tout autre de cette orientale influence, qui se retrouve à toute origine, pendant que les pauvres chefs-d’œuvre, arrachés de Rome ou d’Athènes, dépaysés et tristes, s’ennuient sur leurs socles, et achèvent de mourir au soleil, la peinture qui, bien mieux que la sculpture, aime les fautes ou les pardonne, recommence sa besogne ornementale et fleurie, cache, non sans malice, sous les arabesques empruntées à la Perse ou à Bagdad, l’homme qu’elle ne sait plus bien voir ni dessiner ; et, gardant encore l’habitude et comme le calque — bien usé ! — du geste romain, met « de l’antiquité, sans le savoir, » sur des fonds d’or. De fait, la mosaïque, qui va devenir une des plus importantes et des plus significatives formes d’art, et les industries, modestes et fidèles, de