Plus haut encor ce fut un village endormi
Dont nos pas répandus par le silence ami
Firent d’un creux écho résonner les ruelles.
Des fontaines causaient craintivement entre elles
Sous l’auvent des lavoirs ténébreux et déserts.
Les fenêtres ayant leurs vantaux grands ouverts,
On entendait au fond des chambres d’ombres pleines
Les sommeils confians expirer leurs haleines.
Des outils de labour brillaient dans les hangars.
Nous longions des greniers à foin où les regards
Plongent par une notre et béante embrasure.
Quand nous eûmes passé la dernière masure,
C’était l’heure où le jour triste qui point et luit
Se mêle par degrés aux choses de la nuit
Pour rendre au paysage obscur ses formes vraies,
L’heure humide où l’on voit le liseron des haies
S’épanouir avec l’étoile du matin.
A travers les épis bercés d’un champ voisin
Le vent du crépuscule errait comme un fantôme.
Et voici qu’un premier oiseau, du creux d’un chaume,
Rompit l’universel silence en adressant
Sa prière timide et brève au jour naissant.
Chaque nid répéta cette note isolée.
Au même instant le cri des coqs de la vallée
Monta parmi l’éther sonore jusqu’à nous.
Un torrent dévalait dans son lit de cailloux,
L’air était embaumé par les fleurs riveraines,
Et nous suivions le bord d’un bois de jeunes chênes
Dont la lisière offerte au Levant blêmissait.
Le sentier se brisant à son dernier lacet
Aboutit dans un vaste espace entre deux cimes.
Une hutte était là près d’un parc où nous vîmes
Par groupes indistincts des animaux couchés.
Soudain d’un rauque aboi remplissant les rochers
Un chien bondit dans l’ombre humide à notre approche,
Un bœuf se mit debout en agitant sa cloche,
Et, le troupeau sortant de son sommeil transi,
La paix du lieu parut mystérieuse ainsi
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