que la charité théologique rattache à l’ « âme de l’Eglise, » et qu’elle se refuse à exclure du salut ; et c’est ainsi qu’à la faveur de l’universelle émotion, l’âme de l’Eglise semblait s’épanouir, plus large, plus consciente d’elle-même, à l’heure précise où le corps en allait être tronqué.
Léon XIII mourant a eu la joie suprême d’entendre tous les échos lui rapporter les glorieuses résonances de son propre glas ; et ces résonances étaient un unanime hommage, qui attestait l’importance présente de la Papauté dans le monde. Quel accent prenait cet hommage au fond des cœurs français et comment il se formulait sur les lèvres françaises, c’est ce qu’on voudrait essayer de résumer ici. Vaste comme le monde habité, grandiose comme l’est un rêve d’immortelle échéance, l’activité de Léon XIII ne saurait en quelques pages se récapituler, même sommairement. Mais, si l’on peut dire avec exactitude que, dans notre pays, c’est par son triple rôle d’ami de la France, de défenseur des humbles, de pacificateur des nations, que Léon XIII avait conquis l’esprit public, l’étude même de ces trois aspects nous permettra de faire revivre, non point Léon XIII tout entier, mais, si j’ose ainsi dire, notre Léon XIII à nous, nôtre hier par notre admiration, nôtre aujourd’hui par nos regrets.
Il est devenu banal, — banal comme l’est parfois la vérité, comme toujours elle doit aspirer à l’être, — de saluer la nation française comme une grande semeuse d’idées. Son histoire nous la montre propageant à travers le monde, tour à tour et parfois en même temps, et tantôt avec son verbe, tantôt avec son épée, les maximes les plus diverses, même les plus incompatibles. Les partis extrêmes se touchent, en France, en proclamant, à qui mieux mieux, l’existence de « deux Frances, » toutes deux apôtres, dont l’une voulut racheter le Calvaire au nom de la foi, et dont l’autre prétendit libérer l’Europe au nom de la Révolution. Léon XIII, lui, n’admettait point cette dualité ; il ne voulait connaître qu’une France, qui a dû jadis « sa vitalité et sa grandeur, » écrivait-il à M. Jules Grévy, à l’ « homogénéité entre ses citoyens ; » et durant tout son pontificat il voulut rendre à la France ce trait du passé.
On le vit, dès 1884, honorer d’un souvenir spécial « la très