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développer et cherchant à se débarrasser de ses sous-produits, les éleveurs s’avisèrent de généraliser cet emploi. On trouve dans les tourteaux des matières protéiques, analogues par leur nature à l’albumine de l’œuf, qui non seulement nourrissent la vache, mais lui communiquent les élémens de la caséine et par suite du lait ; et on y rencontre aussi des matières grasses qui disposent le sujet à l’embonpoint. Au contraire, les tourteaux ne conviennent guère aux chevaux, d’abord parce que ces animaux sont plus délicats à nourrir, et puis parce qu’on exige d’eux de la force à dépenser, et non de la production de viande.

En admettant même qu’ils ne soient pas souillés de terre, de plâtre, de craie, de sulfate de baryte, de sciure de bois, il sen faut que les tourteaux présentent tous la même valeur nutritive. Parmi les bons, on peut noter ceux produits par le colza, l’œillette, la noix, la palme, le coton, le lin, le coprah, plus le sésame et l’arachide ; parmi les médiocres ou suspects, on range ceux qu’abandonnent la cameline, le chènevis, la noix de Bancoul[1]. Il existe des tourteaux dangereux : le pignon d’Inde (deux variétés), le Croton tiglium, le ricin. Ce dernier, s’il ne peut être utilisé comme aliment, constitue en revanche un excellent engrais.

Jamais, bien entendu, un animal n’absorbera sans en souffrir des tourteaux contenant des débris ligneux. C’est le cas des grignons d’olives et aussi de certains tourteaux provenant de graines non décortiquées. Ainsi les tourteaux d’arachides brutes ou de faînes brutes ne peuvent servir en théorie que pour la fumure des terres. Malheureusement aussi, à défaut des animaux, les humains consomment involontairement des matières de ce genre. On a vendu, à Paris et sans doute ailleurs, sous le nom de poivrettes blanches et grises, des matières inodores et insipides qui simulent assez bien le vrai poivre pulvérisé ; ce sont des noyaux d’olives broyés. D’après MM. Villiers et Colin, spécialistes dans l’analyse de ces fraudes, le poivre suspect, arrosé de teinture d’iode, puis séché, dévoile immédiatement l’adultération par l’apparition de points jaunes, répartis sur la poudre et visibles à la loupe ; et il existe encore d’autres réactifs révélateurs. Mais les trompeurs, découragés par la promptitude avec laquelle les chimistes retrouvent le grignon d’olives, se sont rabattus sur la

  1. Fournit une huile assez analogue comme propriétés à celle du ricin.