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dans une bonne partie du Var, l’olivier peut et doit donner d’honnêtes profits, assez réguliers, par une culture intelligente, soignée, un peu savante, mais non dépensière, l’huile étant faite en grand, en temps opportun, dans de vastes usines bien outillées, aux dépens de variétés plus communes que fines. On obtiendra ainsi d’assez notables quantités d’une bonne huile marchande sans mauvais goût, se conservant bien, mais point très exquise.

Il est difficile de procéder de cette manière dans le reste de la Provence, le Comtat, le Languedoc. Pour cette dernière province, une solution radicale est intervenue : l’arrachement général pur et simple des arbres jugés inutiles (les autres essences à fruits n’ayant pas été d’ailleurs mieux respectées), mais nous croyons que le Midi ferait mieux de suivre, en le perfectionnant, l’exemple déjà donné par le Bas-Dauphiné, les Basses-Alpes, les environs d’Aix : cultiver en petit l’olivier, restreignant les étendues plantées aux seules expositions favorables ; sélectionner les espèces en ayant recours à la greffe ; produire des olives de choix, soit pour la table, soit pour l’huile ; et surtout obtenir celle-ci dans les conditions strictes que l’expérience a imposées depuis longtemps aux cultivateurs des cantons renommés pour l’excellence de leur huile. Enfin, pour éviter les fraudes, vendre autant que possible directement de producteur à consommateur. Après tout, dans les quartiers de la Bourgogne et du Bordelais où la vigne fournit ses produits les plus exquis, procède-t-on autrement, au grand avantage de tous ? La culture de l’olivier coûte peu, et les soins de propreté sans lesquels on ne produit pas de bonne huile ne coûtent rien.


ANTOINE DE SAPORTA.