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CHATEAUBRIAND ET MADAME DE STAËL
D'APRÈS
LES LETTRES INÉDITES DE CHATEAUBRIAND

Le 1er nivôse an IX (22 décembre 1800) paraissait dans le Mercure de France une Lettre au citoyen Fontanes sur la seconde édition de l’ouvrage de Mme de Staël. L’ouvrage, dont il était question, était le livre intitulé : De la Littérature, considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, que Mme de Staël avait publié pour la première fois au mois d’avril 1800 et dont elle venait de donner une seconde édition au mois de novembre de la même année[1]. La lettre, remarquable par l’originalité des idées, par l’éloquence du style, et aussi par le ton d’aigreur et les insinuations dont elle était semée, portait pour toute signature ces mots mystérieux : L’auteur du Génie du Christianisme. Il semblait, d’ailleurs, que l’énigmatique personnage fût beaucoup moins préoccupé de défendre son ami Fontanes, ou même de critiquer Mme de Staël, que de se mettre lui-même en lumière ; et, pour que nul ne s’y trompât, il avait soin d’avertir le lecteur que tout ce qu’il disait était tiré d’un grand ouvrage qu’on imprimait depuis deux ans et qui serait intitulé : Génie du Christianisme ou Beautés poétiques et morales de la religion chrétienne[2]. Cet ouvrage n’était pas complètement inconnu des

  1. Cf. la Décade du 20 brumaire-21 novembre 1800.
  2. « Cet ouvrage, quand paraîtra-t-il ? Il y a deux ans qu’on l’imprime, et il y a deux ans que le libraire ne se lasse point de me faire attendre, ni moi de corriger. Ce que je vais donc vous dire dans cette lettre sera tiré presque entièrement de mon livre futur sur le Génie du Christianisme ou les Beautés poétiques et morales de la religion chrétienne. « (Mercure, 1er nivôse an IX.)