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hépatique, nourricière du tissu vient à être liée, l’organe se mortifie. L’animal lui-même qui supportait la suppression du sang veineux-porte ne supporte pas celle du sang artériel hépatique : il succombe, en deux ou trois heures, à l’opération.


III

Après l’œuvre de Magendie, vint celle de Claude Bernard. L’histoire des découvertes relatives à la physiologie n’en mentionne aucune qui, au point de vue de sa fécondité, puisse être mise en balance avec celle de la fonction glycogénique. On a connu, grâce à Claude Bernard, non pas seulement la plus importante des fonctions du foie, mais l’une des conditions universelles de la constitution des milieux vivans qui est la présence du sucre : et, par voie de conséquence enfin, les sources de l’activité musculaire. Nous pouvons être sobres de détails en ce qui concerne la fonction glycogénique. Son histoire a été exposée ici même[1]. On a dit que le sucre était, non pas un aliment quelconque, mais une matière physiologiquement privilégiée : qu’il est consommé pour la manifestation de l’activité de chacune des parties de l’organisme ; que sa disparition est le signal de la mort universelle des organes. On sait encore que le sang des mammifères doit contenir une proportion constante de sucre, qui est d’environ 1gr, 5 par litre ; que le foie fabrique lui-même le sucre ; qu’il règle sa fabrication et ses livraisons sur les besoins de sa clientèle, c’est-à-dire de l’ensemble des cellules de l’organisme. Quant à l’origine du sucre, il faut la chercher dans le glycogène. L’organe hépatique prépare le glycogène au moyen des hydrates de carbone (sucres, matières amylacées) ; et, à leur défaut, aux dépens des matières azotées protéiques venues du dehors ou tirées du dedans. Dans tous les cas, l’abstinence complète ne tarde pas à épuiser le glycogène du foie : et cet organe apparaît ainsi comme une sorte de grenier d’abondance où le glycogène et le sucre sont accumulés en vue du ravitaillement continuel des élémens de l’économie. Dans toute l’étendue du règne animal, depuis les mammifères jusqu’aux derniers protozoaires, on retrouve les mêmes faits.

  1. La Question du sucre en physiologie. Revue du 1er août 1903.