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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 17.djvu/88

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de francs. De toutes parts, les placemens de ce genre, considérés comme de premier ordre, sont offerts aux capitalistes : aussi le Financial News a-t-il pu dire que ces valeurs, connues sous le sobriquet de « dorées sur tranche » (giltedged securities), voient leur dorure pâlir rapidement.

Une autre cause de la situation monétaire difficile dans laquelle se trouve en ce moment le marché de Londres est la diminution du portefeuille étranger des Anglais ; ils n’ont pas cessé, depuis un certain temps, de vendre les fonds russes, autrichiens, hongrois, italiens, espagnols, portugais, américains, que, à d’autres époques, ils avaient absorbés en quantités considérables. Ils ont perdu de ce chef une ressource annuelle qui leur permettait de solder l’excédent de leurs importations sur leurs exportations de marchandises, et qui approche de 5 milliards de francs.

Et il n’est pas à prévoir que les placemens anglais en valeurs étrangères reprennent à brève échéance leur importance d’autrefois : car les appels de fonds aux capitaux indigènes pour des besoins intérieurs se multiplient. Voici que M. Wyndham a déposé un projet de loi ayant pour but de venir en aide à l’agriculture irlandaise, c’est-à-dire de faire des avances aux fermiers pour leur permettre de racheter les terres qu’ils occupent, et d’accorder en même temps aux propriétaires, aux frais du Trésor impérial, d’après une échelle établie par la loi, une bonification sur le prix qui doit leur être payé. On prévoit que ces paiemens donneront lieu à des créations successives d’un fonds 2 3/4 pour 100, dont le total pourra s’élever jusqu’à 2 milliards et demi de francs. Les Anglais estiment que, si cette mesure met fin à la guerre agraire qui désole l’ile-sœur, ce ne sera pas acheter trop cher la pacification de l’Irlande. Ils ont raison : mais cette nouvelle émission, si même elle ne dépasse guère, au début de l’opération, une centaine de millions par an, ne laissera pas que de peser sur le marché des fonds publics.

Les emprunts, d’ailleurs, ont été loin de suffire à équilibrer les budgets ; il a fallu, à diverses reprises, élever les impôts existans et en créer d’autres. Voici le détail de ces taxes nouvelles, divisées en deux catégories, celle des droits de douane et celle du revenu intérieur :