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y croît plus rapidement, au moins dans certaines provinces favorisées soit au point de vue minier, soit au point de vue agricole. Mais la question du change, qui se rattache étroitement à celle de la monnaie et de la circulation fiduciaire, et qui a été si heureusement résolue en Italie, s’est au contraire aggravée en Espagne au cours des dernières années ; — et si nous pouvons louer ses budgets, nous devons regretter le peu d’empressement qu’elle met à résoudre cet autre problème, alors qu’elle pourrait y parvenir aisément.

Nous n’aurions pas à remonter bien haut dans l’histoire de la péninsule pour retracer le sombre tableau de budgets en déficit, d’emprunts répétés, de réductions d’intérêt, de conversions plus ou moins arbitraires imposées aux porteurs de titres, et, conséquence inévitable de toutes ces fautes, de fluctuations violentes des fonds publics, soumis, sur les diverses places européennes où ils se négocient, à tous les orages d’une politique financière qui n’était d’ailleurs souvent que le corollaire inévitable d’une politique intérieure agitée. Cependant, déjà il y a une dizaine d’années, les budgets s’établissaient en excédent. Celui du 1er juillet 1896 au 30 juin 1897, que nous avions devant les yeux lorsque nous publiâmes en 1897 une étude sur les finances espagnoles, présentait un surplus de 8 millions de pesetas. Nous le sentions compromis par les insurrections renaissantes à ce moment-là de Cuba et des Philippines, mais nous ajoutions : ,

— « Le jour où, d’une façon ou de l’autre, la guerre cubaine et celle des Philippines seront terminées, le problème du budget espagnol se résoudra. Il est certain que cette double insurrection a fait reculer de plusieurs années l’époque de l’équilibre, dont on approchait il y a deux ans. Mais il ne faut pas désespérer de la voir arriver... Le conseil le plus pressant à donner à l’Espagne, celui que ses meilleurs amis doivent l’adjurer d’écouter et de suivre, est de ne pas enfler davantage sa circulation fiduciaire... L’Etat devrait avoir le courage de diminuer ses engagemens vis-à-vis d’elle, l’obliger en particulier à réaliser 400 millions de rente amortissable qu’elle garde en portefeuille, ou tout au moins ne pas lui permettre de les faire figurer dans le portefeuille qui s’ajoute à l’encaisse pour gager la circulation. Il faudrait suspendre les frappes d’argent, qui ne servent qu’à inonder le pays d’un métal déprécié. »

Si une partie seulement de ce programme a été jusqu’ici