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Dans ce tableau, qui, sous une vingtaine de rubriques, analyse les spécialités de l’industrie du verre, des plus communes qu’on ne s’étonne pas de voir numériquement les plus importantes, — la gobeletterie, la fabrication des bouteilles, la verrerie en général, la fabrication du verre à vitre et la fabrication des glaces, — aux plus rares, par suite les moins fréquentées, la fabrication des verres de montre, le bouchage des flacons à l’émeri, la fabrication des ballons pour lampe, — le nom du département de la Seine revient douze fois : c’est donc sur douze spécialités différentes de l’industrie du verre que son activité s’exerce ; le département du Nord et le département de Meurthe-et-Moselle y paraissent chacun quatre fois ; le Rhône, trois fois ; les Vosges, la Seine-Inférieure, l’Aisne, la Haute-Loire, deux fois ; la Marne, le Calvados, la Côte-d’Or, Seine-et-Marne, la Meuse, Seine-et-Oise, l’Oise, le territoire de Belfort, le Doubs, la Loire, le Tarn, la Haute-Savoie et l’Allier, une fois. Le quart environ du pays est directement, immédiatement intéressé, dans sa prospérité et dans son travail, à l’une ou à plusieurs de ces spécialités : vingt et un départemens, sur lesquels, la France étant partagée par la Loire comme par son diamètre ou son équateur, quinze départemens du Nord, et seulement six départemens du Midi.

Toute chose au monde a ses raisons, même quand elles ne se découvrent pas d’elles-mêmes, et la localisation de l’industrie du verre a les siennes. Premièrement, une raison géographique, le climat. « A tout entrepreneur d’industrie, écrit M. Bontemps, je dirai d’abord : gardez-vous d’aller établir des verreries dans un pays dont le climat vous obligerait à chômer pendant les mois les plus chauds ; durant ce chômage, il est vrai, vous ne brûlerez ni bois ni charbon, vous ne consommerez pas de matières premières, mais il vous faudra payer une partie de vos ouvriers, les verriers, ou les payer pour neuf ou dix mois autant qu’ils pourraient l’être pour douze, et la plus grande partie de vos frais généraux sera aussi élevée que pour douze mois de production[1]. » Puis, une raison historique, l’aptitude héréditairement transmise, l’adaptation professionnelle, on dirait presque la race : « Je conseillerai également de s’abstenir de fonder une verrerie dans un pays où cette industrie n’est pas

  1. G. Bontemps, Guide du Verrier, livre I, ch. IX. Des localités les plus convenables pour les verreries, p. 218-223.