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caillouteux des Cépés. Est-ce cela ? car à quoi sert-il de me dire (c’est M. de Maistre qui dit cela) qu’il y a des serpens en général et de prendre garde, au lieu de me dire, il y a là un serpent, voyez, et éloignez-vous.

« Je suis bien en hâte ; j’embrasse Olivier, les chers petits, toute la famille d’Aigle, Mlle Sylvie aussi (de loin comme toujours), amitiés à M. Ruchet, hommages à Mesdames, souvenirs à Eysins.

« Nous avons assez de peine à trouver des libraires, pauvres écrivains, sans croire qu’on viendra voler nos tiroirs : c’était bon au siècle de Voltaire et de la Pucelle. Adieu. »


Le 1er novembre.

« Cher ami,

« A vous d’abord, et sur Davel, puisque vous me pressez. Rien n’est décidé encore : Buloz trouve l’affaire longue et l’héroïsme du major ne lui est pas entré ; il trouve qu’il s’est laissé prendre sans y parer, comme un sot (il a dit cela) ; il est vrai qu’il n’avait pas encore achevé quand il me l’a dit. Je lui ai fait redemander ce matin même le manuscrit, de peur que quelque feuillet ne s’égarât à la longue ; voici sa réponse que je reçois à l’instant et qui vous exprimera son reste de doute. Revoyant au point de vue d’ici, il me semble qu’il aurait fallu ne pas discuter l’acte, mais le raconter, l’expliquer, l’affirmer. Un mot sur la relation de Berne et de Lausanne au commencement ; un historique rapide de la vie du major jusque-là ; un énoncé, conjectural, peu importe, mais net de ses intentions, son entreprise, l’exécution : ne pas cesser de raconter, en un mot. Attendons pourtant à dimanche, et, s’il y a jour, en retranchant sans mutiler, nous irons. On est ici plus inattentif que jamais, voulant du nouveau et être amusé, à tout prix, et n’accordant pas une minute de mise en train à l’amusement : là sont en littérature (comme dans tout) les plus réelles difficultés de la position. On est blasé et on reste vif.

« Je n’ai pas encore vu M. Vulliemin, mes chers amis ; j’espère qu’il ne m’en voudra pas, Madame, de cette soirée toujours ajournée et peut-être un peu par votre faute, je le crois bien. Maintenant que vous êtes à Lausanne, vous m’en donnerez