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moi, M. Monnard, M. Vinet, Ducloux, Mme Régnier, Mme Forel,… enfin, vous savez ; je n’oublie personne, et ces années (oui, ce sont des années et non des mois) passées là, forment déjà pour moi un fond lointain de souvenirs, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus vrai et de plus durable dans le souvenir.

« Mais, à Eysins, à Aigle, rappelez-moi tout singulièrement et faites mes hommages et mes vœux au père d’Olivier, à son excellente mère, à M. Urbain, à sa femme, à M. Ruchet et à Madame, à Mademoiselle Sylvie toujours présente à l’extrême bord de la grande tour d’Aï. J’embrasse Lèbre, qui est de la maison ; je voudrais bien donner des bonbons à Aloys et à Edouard et écouter la chanson du papa ; je me suis laissé inviter à dîner le Jour de l’an chez Mme Valmore (et bien des choses à ces demoiselles aussi).

« Adieu, chère Madame, cher Olivier, et tous mes vœux.

« SAINTE-BEUVE.


« Hugo n’est pas encore de l’Académie ; ç’a été la grande nouvelle des trois dernières semaines : l’élection a été remise à trois mois ; dans l’intervalle, il mourra quelques académiciens ; Hugo entrera-t-il ? Il a toutes nos destinées académiques dans ses flancs : savez-vous que, si j’étais de l’Académie, j’aurais sans peine deux ou trois mille francs par an (étant d’une des commissions) ; ce jour-là, je mettrais une perruque, je renoncerais à tout projet de cour près de Mme Forel, mais j’aurais plus le temps, sinon de vous aimer, du moins de vous le dire. »