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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre.


Nous assistons depuis quelques jours à une désagrégation spontanée de la majorité ministérielle, et à des efforts variés pour la reconstituer. Ces efforts sont parfois habiles, et peut-être réussiront-ils pendant quelque temps encore ; mais il paraît difficile que ce soit pour une durée bien longue M. le président du Conseil s’en est sans doute rendu compte. Il y a peu de jours, après une séance de la Chambre des députés qui ne lui avait pas donné pleine satisfaction, le bruit a couru, et personne n’a douté que ce ne fût avec son assentiment, qu’il était prêt à donner sa démission. Y avait-il là, de sa part, une simple manœuvre ? A-t-il voulu faire sentir à quel point il était nécessaire, indispensable même, afin de rendre plus docile une majorité qui avait des tendances à s’émanciper ? Était-ce un jeu de sa part ? Etait-ce une résolution à laquelle il préparait ses fidèles ? Quoi qu’il en soit, ceux-ci ont été fort émus. M. Combes n’est pour personne le ministre idéal, et beaucoup, parmi ceux qui le soutiennent, le font sans enthousiasme ; mais ils ne croient pas possible d’avoir mieux que lui s’il venait à tomber, et voilà pourquoi ils le défendent, de même que les libéraux l’attaquent parce qu’ils ne croient pas possible d’avoir plus mal. M. Combes a donc parlé et fait parler de sa démission éventuelle. D’où venait le nuage qui a obscurci son front, et qui n’est pas encore complètement dissipé ? Il venait de ce que la majorité ministérielle avait paru se déplacer ; qu’ayant perdu ses élémens de gauche les plus avancés, elle les avait remplacés par des élémens empruntés au centre. C’était toujours une majorité, mais ce n’était pas celle qui plaisait à M. Combes. En un mot, ce n’était plus le « bloc, » en dehors duquel il ne voit point de salut. On va voir tout ce qu’il a fait pour le