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représentans qui représentent qui ? délégués, en vertu de quoi, de groupemens investis par qui ? Mais, ce point réservé de savoir qui a investi les douze cents groupemens et leurs mille délégués, comme aussi ce qu’est à sa source cette autorité où le gouvernement vient absorber la sienne, si les douze cents groupemens sont affiliés à un groupement central et si ce groupement central a ses bureaux, situés, sauf erreur, rue Tiquetonne, ce n’est donc plus de la place Beauvau, et c’est donc de la rue Tiquetonne que la France est gouvernée ? On le dirait, à s’en rapporter au Congrès radical et à M. Combes lui-même ; mais ne le disons pas encore trop vite.

M. le président du Conseil n’écrit pas seulement au Congrès radical et radical-socialiste : il réserve pour le Convent maçonnique une goutte de sa meilleure encre : il est vrai que, suivant un mot connu, le Convent n’est peut-être guère que le Congrès couvert, ou le Congrès que le Convent découvert. « J’accepte ce témoignage de confiance, disait tout à l’heure M. Combes, comme une récompense pour le passé et un encouragement pour l’avenir. » Or, le 17 septembre 1902, M. le sénateur Desmons, président du Conseil de l’ordre du Grand-Orient (et non pas des ministres), proposait et faisait adopter une déclaration intéressante : « Le Conseil de l’ordre, en présence de ce qui avait été décidé par le Couvent, a pris la résolution, non seulement d’envoyer au président du Conseil (des ministres, et non pas de l’ordre du Grand-Orient) cette adresse que je viens de vous lire, mais de la faire porter par les membres du bureau du Conseil (de l’ordre et non pas des ministres) accompagnés des membres du bureau de l’assemblée (maçonnique et non pas nationale), et cela, non pas pour féliciter le ministre et le ministère d’avoir agi comme ils l’ont fait, mais afin de pouvoir de vive voix l’engager à persévérer et même à redoubler de zèle dans l’accomplissement de la tâche qu’il a entreprise. »

Hélas ! malheureux M. Combes ! pas de félicitations en 1902 : on voulait le voir venir ; mais il est venu, il a persévéré, il a redoublé de zèle ; et, en 1903, il a eu tout ensemble « la récompense » et « l’encouragement, » qui valaient un remerciement sans doute et un renouvellement de ses vœux baptismaux. Mais s’il a obtenu ce « témoignage de confiance » de M. le président du Conseil de l’ordre du Grand-Orient, c’est donc que M. le président du Conseil des ministres l’a mérité ; et, comme il ne l’a