Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/661

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Inzucht (tout au moins en principe, car une restriction va se présenter bientôt pour tempérer cette loi) et c’est ici la conception aristocratique de la caste, sur laquelle Gobineau a fondé sa philosophie historique.

En troisième lieu, devra s’exercer une sélection soigneuse, — et toutes les aristocraties ont en effet appliqué instinctivement cette règle, qui est devenue l’arme par excellence de l’élevage technique.

Mais la quatrième loi est d’une application bien plus délicate, elle nous apprend qu’un mélange de sang étranger, à la condition qu’il soit temporaire et provoqué à l’instant favorable, se montre éminemment propice au perfectionnement de la race. C’est ainsi que le cheval de pur sang naquit de l’utilisation de quelques étalons arabes, importés jadis en Angleterre et que le terre-neuve est sorti d’une heureuse immixtion du chien esquimau dans les généalogies du chien courant français. Emerson avait dit déjà : We are piqued with pure descente but nature loves inoculations. Et Gobineau a reconnu lui aussi cette bienfaisante action du mélange à dose homéopathique, car il la signale dans l’apport en Angleterre du sang légèrement romanisé des Normands de Guillaume. On sait qu’il affirmait d’ailleurs que toujours l’humanité aveugle abusa de ce condiment dangereux. — Et l’objet de la cinquième loi de M. Chamberlain est en effet d’en borner soigneusement les possibles excès. Il faut à tout prix, dit-il, que le mélange toléré soit court, opportun, et qu’il unisse deux sangs apparentés déjà, car s’ils étaient trop hétérogènes, le résultat serait néfaste.


V

N’est-il pas bien délicat de juger une race humaine à l’aide de ce quintuple règlement biologique ? On dirait que son auteur ait voulu nous faire toucher du doigt ses insuffisances pur la seule application qu’il se soit laissé entraîner à nous en offrir. Emporté en effet sur les pas d’un habile anthropologiste, M. de Luschan, par l’ingénieux enchaînement des déductions de ce savant, M. Chamberlain a prétendu esquisser l’origine ethnique du peuple juif, oublieux des sages prescriptions tout à l’heure édictées, à propos de l’Aryen, sur les études d’origines obscures