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Laisse-moi, je n’ai plus ta force et ton visage,
Ni l’élan furieux où je suivais tes pas ;
Laisse-moi, laisse-moi, Jeunesse, je suis las
Du grondement lointain de ta rumeur d’orage.

Va-t’en et ne ris pas de celui qui reprend
Sa route et qui s’en va sans regarder vers l’ombre
Que ton souvenir d’or allonge au sable sombre,
Car je marche déjà dans le soleil couchant.

Mais au bout de la voie où la pierre est aride
Et dont la Gloire a fait son chemin éternel
Je vois, à l’horizon mystérieux et vide,
Se tordre un noir laurier sur la pourpre du ciel.


HENRI DE REGNIER.