Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/816

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce n’est pas l’habileté de nos industriels, de nos ingénieurs, de nos ouvriers qui est en cause : beaucoup de machines françaises ont le plus grand succès à l’étranger. Toutes les marines du monde emploient des chaudières Belleville, et, en ce moment même, on expérimente sur les chemins de fer anglais et même américains les excellentes locomotives, grâce auxquelles les trains français détiennent le « record » de la vitesse[1]. Mais, pour être avantageuses, il faut que ces machines soient construites dans le pays où elles seront mises en service. Si leur valeur ne vient pas grossir le total de notre commerce, du moins nous en revient-il quelque bénéfice, grâce aux brevets d’invention.


V

Il nous faut maintenant parler des exportations britanniques en France. Qu’exporte en général l’Angleterre ? Trois grandes catégories de marchandises, pour prendre encore ici la classification de notre consul à Londres : des articles pour la production desquels le Royaume-Uni bénéficie d’avantages naturels, qui ne sont pas, comme en France, des produits agricoles, mais de la houille et du fer ; puis des articles communs et de consommation courante, que l’Angleterre, grâce au bon marché du combustible et des machines, excelle à produire à bas prix : des cotonnades, des articles de jute et de lin, certains lainages, des produits chimiques communs, du goudron, des poteries communes, des cuirs ; enfin des produits de l’entrepôt britannique, surtout des matières premières, que la Grande-Bretagne, grâce à son immense marine marchande, reçoit des contrées productrices pour les répartir entre les divers pays consommateurs : de la laine, du coton, du chanvre, du jute, des métaux, du caoutchouc, des peaux, du suif, du café, du thé.

Or, la France a besoin d’importer un grand nombre de ces matières. Elle consomme 50 millions de tonnes de houille, et n’en peut produire que 33 millions ; l’Angleterre est d’autant mieux placée pour nous fournir ce qui nous fait défaut que c’est

  1. Les journaux financiers et techniques du Royaume-Uni se sont fort occupés de ces expériences. Le Statist du 5 septembre 1903 leur consacrait en particulier un article des plus élogieux à l’endroit des locomotives construites par la Société alsacienne de constructions mécaniques de Belfort pour la Compagnie du Nord.