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fût tout intellectuel, moral, conseiller de progrès, importateur de perfectionnemens variés. Acceptons-en l’augure, sans trop compter sur la durée d’une modération si méritoire, et constatons que le coupable universalisme catholique est ici morigéné par un homme qui devrait bien méditer, parmi les Paroles du Christ[1], si persuasives à ses yeux, la parabole de la poutre et de la paille.


III

Quoi qu’il en soit des développemens futurs de l’impérialisme germanique, l’impérialisme catholique, on nous l’affirme ici plus qu’on ne nous le démontre, ne possède pas dans la doctrine romaine une assise capable de porter la religion parfaite. Tournons-nous donc vers le troisième des groupes ethniques qui se partagent actuellement le sol de l’Europe, vers la famille germanique.

Les vues de M. Chamberlain sur les tendances religieuses du Germain dans le passé, et, en conséquence, sur, sa probable doctrine d’avenir, ont été conçues pour la plus grande part sous l’influence de Schopenhauer, aussi bien que ses opinions, précédemment exposées par nous, sur la religion judaïque. L’auteur des Assises du XIXe siècle refait en somme à la façon du sage de Francfort l’histoire philosophique et religieuse de l’humanité ; et il a la parfaite bonne foi de recommander chaleureusement[2] la lecture du chapitre ingénieux qui ouvre les Parerga du maître[3] et contient en effet toute la quintessence de ses propres développemens. — Considérez par exemple ses appréciations sur la philosophie indienne antique. Lui aussi, est convaincu que l’Europe aryenne a retrouvé sur les bords du Gange ses véritables livres saints, et que l’Indologie doit se raccorder à la germanistique sans lacune appréciable. Mais il les reliera entre elles par la même voie inattendue, et tout artificielle, en somme, que préconisa l’auteur du Monde comme volonté[4] : car, de cette germanistique, il efface à son tour l’Edda, l’Odinisme, le Walhalla, dont les noms ne sont pas même prononcés au cours

  1. Voir plus loin l’analyse de son ouvrage qui porte ce titre.
  2. P. 860.
  3. Esquisse d’une histoire de la doctrine de l’idéal et du réel.
  4. Voir ses études dans la Beilage de l’Allgemeine Zeitung, 1899. N° 229 et 230.