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calicot blanc portant, au milieu, un cercle rouge, emblème du « Soleil Levant. » Sur les indications amicales du général japonais Fukushima, connaissant à merveille cette contrée et qui, avec le général Yamaguchi, a établi son quartier général dans un confortable « yamen, » au centre de la ville, le général Frey choisit pour cantonnement le faubourg Nord, réputé pour sa salubrité et pour sa fraîcheur. L’ordre de cantonnement est donné, et des mesures sérieuses de sûreté sont prises. Un pont, jeté à quelques centaines de mètres en amont, sur la rivière, et par lequel quelques heures auparavant les 600 réguliers de Tong-Tchéou sont allés rejoindre un corps chinois signalé à cinq lieues dans le nord, est occupé par une section d’infanterie ; le commandant du gîte d’étapes est désigné, et les dispositions de défense, en prévision d’un retour offensif qui pourrait être tenté par l’ennemi, après le départ de la colonne, sont arrêtées.

Autant par un motif d’humanité que par raison d’intérêt, — en vue de se ménager, pour la période de ravitaillement qui va commencer, des ressources en bétail et en denrées, ainsi que le recrutement des nombreux coolies qui seront bientôt nécessaires pour les différens transports, — le général Frey renouvelle aux troupes les prescriptions des ordres qu’il avait fait paraître, dès son arrivée à Tien-Tsin, relativement à l’interdiction de tout acte de pillage et de tout mauvais traitement à l’égard des habitans comme aussi des prisonniers et des blessés ennemis. Il ajoute qu’aucune réquisition ne devra être faite par d’autres que par les officiers désignés à cet effet, et qui en paieront immédiatement la valeur en espèces ou en bons réguliers. Il fait informer de ces dispositions les quelques notables qu’il a pu convoquer et qui s’empressent d’apporter au quartier général quelques approvisionnemens, notamment un stock important de riz et de blé, dont la valeur est scrupuleusement soldée aux propriétaires. Des sauvegardes sont en même temps fournies pour les immeubles les plus importans, et de petits pavillons tricolores distribués aux commerçans pour leur permettre de se prévaloir de la protection française. Des sentinelles ou des plantons sont disposés à la croisée des rues les plus fréquentées, avec ordre d’assurer la sécurité des habitans, de veiller à leur libre circulation, etc. Ces derniers reprennent peu à peu confiance : un certain nombre de ceux qui s’étaient enfuis à notre approche.