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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/410

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assez intéressante pour-que nous jugions utile d’y revenir.

On sait que, dans une solution étendue d’un sel, d’un acide ou d’une base, le courant électrique qui la traverse est créé par les mouvemens que prennent, sous l’influence des électrodes, les ions séparés par l’action dissociatrice du liquide. Il doit en être de même, évidemment, lorsqu’un gaz, que sa molécule soit monoatomique ou polyatomique, est ionisé, c’est-à-dire rendu conducteur de l’électricité d’une façon quelconque, par l’action des rayons Rœntgen, par exemple : or, il est impossible d’expliquer ce changement dans les propriétés des gaz, en général, des gaz monoatomiques, en particulier, sans admettre qu’une partie des atomes contenus dans les molécules gazeuses sont alors divisés en fragmens qui, comme les ions, portent les uns des charges positives, les autres des charges négatives, se meuvent dans des directions opposées et sont épars au milieu des atomes non altérés. On dira que l’existence des ions, dans les liquides électrolysés, étant une hypothèse — très vraisemblable, assurément, mais enfin une hypothèse — rien ne prouve que les choses se passent ainsi dans les gaz ionisés. Eh bien ! il est possible de montrer, dans l’air ionisé, la présence de fragmens d’atomes.

Il est relativement difficile, en effet, de produire un brouillard dans l’air, même très humide, lorsque cet air n’est formé seulement que d’un mélange d’air et de vapeur d’eau ; mais la présence de particules de poussières très fines suffit pour provoquer le phénomène, la vapeur se condensant sur ces particules, dont chacune constitue un noyau absolument nécessaire à la formation de chaque goutte d’eau. Or, les particules électrisées qui s’échappent d’une pointe provoquent, elles aussi, quelle que soit l’origine de la décharge électrique, la formation d’un brouillard, et la seule explication possible est que chacune de ces particules, jouant le rôle de noyau, attire et condense les molécules de vapeur voisines, comme un bâton de résine électrisé attire les corps légers environnans. Mais l’air ionisé possède la même propriété, car on voit, dans l’air amené à cet état, le brouillard se former comme si des noyaux électrisés étaient présens. L’existence, dans cet air, de fragmens d’atomes est donc indubitable.

Quel est le poids, — la masse, si l’on préfère, — de ces sous-atomes ? On arrive à la solution de ce problème à l’aide des rayons cathodiques. Chacun de ces rayons est assimilable, on le sait, à une véritable pluie de projectiles matériels, électrisés