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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/907

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de vie universitaire, encore latente, commençait à fermenter dans son sein. A mesure que le nombre des diplômés augmentait, ils avaient formé une sorte de corporation. Cette corporation renferme peu de noms glorieux : jusqu’ici, les London men ne se sont distingués que dans la médecine, et tout le monde comprend qu’ils devaient, dans cette branche d’études, éclipser les étudians de Cambridge et d’Oxford, à cause des ressources sans parallèle offertes par les dix grands hôpitaux de la capitale. En général, les gradués en science et en arts sont répandus dans des écoles provinciales, où leur vie s’écoule obscurément, mais honorablement. Leur diplôme est toute leur fortune et ils y tiennent ; même à distance, ils exercent les privilèges qui s’y attachent. Tous les docteurs, tous les maîtres es arts et les bacheliers de trois ans pouvaient faire partie de l’assemblée générale appelée Convocation. Avant la création de l’Université nouvelle, la Convocation comptait environ quatre mille membres. Jamais on ne les voyait tous présens aux réunions plénières, mais ils jouissaient du privilège de voter by proxy, c’est-à-dire par bulletin cacheté, dans les élections auxquelles ils avaient le droit de prendre part : celle de leur président et celle d’un certain nombre de membres du Sénat. L’assemblée de la Convocation avait lieu deux fois par an, mais le président avait le pouvoir, si vingt membres lui présentaient une motion à cet effet, de réunir des assemblées extraordinaires à trois mois d’intervalle. De plus, la Convocation élisait une commission permanente (standing committee) pour veiller à ses intérêts, et cette commission a fait beaucoup parler d’elle dans ces dernières années. On me pardonnera d’entrer dans ces détails sur les attributions et le fonctionnement de la Convocation, lorsque j’ajouterai que c’est la seule partie de l’ancienne Université qui subsiste, sans modifications essentielles, dans la nouvelle.

Le Sénat, qui administrait l’Université et réglementait les examens, avait été composé d’abord exclusivement de membres choisis par le gouvernement, c’est-à-dire de notabilités empruntées aux autres Universités. Mais l’élection y avait fait entrer avec les « hommes de Londres » un esprit nouveau. Depuis 1863, l’Université avait reçu le droit d’ester en justice et de posséder, à la condition que son revenu n’excédât pas dix mille livres (250 000 francs). De plus, elle envoyait un député à la Chambre des communes, comme les anciennes Universités. Elle avait donc