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fourniront les postes de correspondance. C’est à cause de toutes ces fonctions qu’ils seront calculés comme cavaliers, parce qu’en effet, aujourd’hui le service occupe un grand nombre de chasseurs, hussards, dragons et cuirassiers. La petite taille des chevaux des éclaireurs les rend propres à suivre partout l’infanterie… »

En outre un organe nouveau est imposé par les nécessités tactiques actuelles. Toute troupe qui n’est pas engagée doit être tenue constamment au courant de ce qui se passe autour d’elle, du déplacement de ses voisines, des directions successives qu’elle devra peut-être prendre. Un officier, très bien préparé, à ce service, peut seul le remplir. C’est l’officier d’orientation. Il rôde autour de son régiment, renseignant sans cesse son colonel et ses détachemens.

Il est facile de comprendre toute son importance dans la zone de feu.

Mais que doit-on entendre par « zone de feu ? » Pour le comprendre, il est nécessaire de se reporter à ce qui se passe sur la ligne de combat.

Sur 100 hommes qui vont au feu pour la première fois, 95 ne voient même pas le bout de leur fusil et tirent presque en l’air.

Sous l’influence de l’émotion, l’iris qui joue le rôle du diaphragme dans les appareils photographiques, agrandit son ouverture, la pupille se dilate, l’homme fait des efforts pour distinguer le point d’où il croit voir venir le danger, le cristallin s’aplatit. L’accommodation de l’œil se fait sur la grande distance, avec une intensité telle, qu’il ne distingue plus que vaguement les objets rapprochés. Sur les 100 hommes, les 5 ou 6 qui ont gardé leur sang-froid, visent ce qu’ils croient être le point occupé par l’ennemi. Leur tir est efficace aux distances inférieures à 600 mètres, parce que leurs balles frappent alors dans une zone de 150 à 200 mètres de profondeur, sans compter les ricochets.

Les autres tirent en donnant à leur fusil une inclinaison quelconque. Leurs balles vont frapper le sol un peu partout, mais principalement à une distance comprise entre la portée maxima du fusil, 3 000 mètres environ, et 2 400 mètres.

Dans cette zone de 600 mètres de profondeur, les balles grêlent, frappant les parties creuses du terrain, même près des crêtes, et rendant très dangereux certains emplacemens des réserves.