faire exécuter sur les champs de manœuvre, ce qu’ils voudront ; ils n’y changeront rien. On doit donc considérer comme impossibles et illusoires les procédés de combat enseignés aux troupes, sous le nom d’attaques décisives.
Est-ce donc, comme il a été dit, que ces procédés de combat « ne tendent à rien moins qu’à enlever au commandement suprême la direction de la bataille, à lui dénier la possibilité comme le droit d’obtenir, s’il en est besoin, la décision par un effet combiné de toutes les forces matérielles et morales dont il dispose et à remettre au tirailleur, c’est-à-dire au soldat isolé, accessible à toutes les émotions et à toutes les surprises, la décision d’une bataille d’armée dans laquelle les effectifs engagés atteindront des centaines de mille hommes et dont l’issue décidera peut-être de la liberté de la nation et de l’avenir de la race ? »
Certes non. Bien au contraire. Jamais l’action du général en chef n’aura été plus nécessaire et plus puissante. Mais elle ne se produira pas dans la même forme qu’autrefois. Seul le chef peut faire manœuvrer ses rideaux et diriger ses masses derrière les rideaux. Dans les futures rencontres d’armées de 40 ou 50 kilomètres d’étendue et qui dureront plusieurs jours, c’est la marche de la bataille elle-même qui va indiquer au général en chef la région où doivent porter ses efforts. Le temps n’est plus où il pouvait, en suivant une idée préconçue, masser ses forces devant la position dont il avait résolu de s’emparer et les lancer à l’attaque dans un geste napoléonien.
Cette ancienne tactique l’exposerait à jeter ses troupes sur la partie la plus forte de l’adversaire. Ce serait alors l’hécatombe et le désastre certain.
Peut-il encore dire : « C’est là que je battrai l’ennemi ? » C’est la bataille elle-même, que ses troupes vont mener partout offensivement avec la dernière énergie, qui va le renseigner sur la région, où les efforts sans cesse renouvelés peuvent être couronnés de succès. Là où il sentira que son épée pénètre, là il accumulera les moyens et les efforts.
Faire des efforts successifs, c’est se faire battre successivement, disent les doctrinaires. Telle est souvent l’influence des mots, que cette formule, séduisante par sa forme même, a été acceptée par certains, sans plus ample informé. Comme la plupart des formules, elle est vraie ou fausse selon le cas auquel on l’applique. Dans l’attaque, son application étroite conduit à ce