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recherche presque anxieuse de relations amicales avec certaines puissances, et notamment la célébration si chaleureuse de « l’entente cordiale » avec la France.

Mais, en attendant que ces manifestations conduisent à des résultats positifs, il est pour l’Angleterre un devoir immédiat, qu’acceptent vaillamment, avec toutes ses conséquences, son peuple et ses hommes d’État, celui d’avoir une flotte capable, au moment même d’une déclaration de guerre, de bloquer dans les ports de l’ennemi toutes les flottes adverses, en bravant les menaces sournoises, et par-là même affolantes, des torpilleurs et de la flottille sous-marine. Aura-t-elle commis la première faute de laisser sortir les navires ennemis, il faudra qu’elle leur coure sus et les détruise en quelques heures. Un combat incertain dès le début, et l’Angleterre est presque perdue déjà : ses communications avec le reste du monde sont compromises, ses transports suspendus, son commerce arrêté, son industrie paralysée, sa population hantée du cauchemar de la famine. Elle est réduite à capituler.

En vérité, ce sera une heure tragique pour elle, si jamais cette heure vient à sonner, que celle où, contrainte à se servir enfin d’une flotte qui lui aura coûté si cher, elle devra jouer son orgueil, ses espérances, sa vie peut-être, sur le coup de dé d’une offensive qui, pour être sûrement victorieuse, devra être foudroyante.


AUGUSTE MOIREAU