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L’ALLEMAGNE ET NAPOLÉON
EN 1813


I

Lorsqu’on cherche à dégager les courans d’idées qui ont agité et partagé l’Allemagne en 1813, un premier trait apparent frappe tout d’abord. Durant la crise décisive d’où la domination napoléonienne est sortie brisée, pendant la lutte vitale que l’Allemagne a soutenue sur son sol, elle apparaît divisée contre elle-même. La majeure partie des Allemands ont versé leur sang en combattant sous le drapeau français, contre la cause de l’indépendance nationale. Napoléon s’était déjà fait un mérite, aux yeux des Français, de ce que les grandes hécatombes de l’hiver russe n’eussent fauché qu’une minorité de Français ; il eût pu se vanter aussi d’avoir sacrifié presque autant d’Allemands que de Français pour défendre la domination qu’il exerçait au-delà du Rhin.

Lorsque, à l’aube de cette année sanglante, les corps francs de Dornberg achevèrent de déblayer et de conquérir la rive droite de l’Elbe dans le combat de Lüneburg, c’est avec des Saxons que Morand tenta de maintenir la domination des Français au-delà du fleuve contre les premières levées du soulèvement national.

Durant l’armistice, Napoléon fit détruire à Kitzen le corps franc de Lützow, ce corps irrégulier où avaient fini par s’incorporer les rêves insurrectionnels des patriotes allemands. Ce sont des Wurtembergeois qui ont sabré les chasseurs noirs de Lützow.