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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/462

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REVUES ÉTRANGÈRES

UN ÉCRIVAIN DANOIS : M. JOHANNES JŒRGENSEN


Das Reisebuch ; Lebenslüge und Lebenswahrheit ; Parabeln ; Das Heilige Feuer ; Eva, par Johannes Jœrgensen, traduction allemande de la comtesse Holstein-Ledreborg. Mayence ; librairie Kirchheim.


Parmi les jeunes écrivains danois qui, aux environs de 1895, s’efforçaient de transporter de Christiania à Copenhague le centre et le foyer de la vie littéraire Scandinave, il n’y en avait aucun qui donnât de plus belles espérances, ni de plus légitimes, que l’auteur de l’Été et de l’Arbre de Vie, Johannes Jœrgensen. Car non seulement M. Jœrgensen avait fait voir, dès ses premières œuvres, une personnalité d’artiste très originale, à la fois rêveuse et sensuelle, toute remplie de tendresse sous ses apparences d’ironie romantique, mais on sentait encore que, chez lui, l’inspiration jaillissait d’une âme profondément réfléchie, sérieuse, éprise de certitude et de vérité. Il était né en 1866, dans une bourgade de l’île de Fünen, d’une famille de marins. En 1886, après avoir brillamment achevé ses études littéraires à l’université de Copenhague, il s’était inscrit aux cours de sciences naturelles, et, pendant deux ans, s’était occupé avec passion des plus récens problèmes de la zoologie comparée : de telle sorte que, quand il avait ensuite débuté dans la littérature, il avait pu apporter l’appoint précieux d’une réelle compétence scientifique au mouvement naturaliste, darwiniste, et anti-chrétien, qui, sous l’impulsion passionnée de M. Georges Brandès, entraînait alors la majeure partie des jeunes auteurs Scandinaves. Aussi n’avait-il point tardé à devenir lui-même l’un des chefs