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dépendaient d’un couvent, — et c’était le plus grand nombre, — se piquaient de posséder une maîtrise parfaite : sujet constant de rivalité entre les bénédictins de Saint-Pierre et les cordeliers de Notre-Dame, entre les augustins de Mülln et les théatins de Saint-Gaëtan. Et, par-dessus ces petites maîtrises, s’en dressait une énorme, celle de la cathédrale, avec ses six orgues, ses deux maîtres de chapelle, ses castrats, son école d’enfans de chœur, son orchestre et sa fanfare : une incomparable assemblée de plus de cent artistes de choix, chantant et jouant à toute heure du jour.

Musique à la Résidence du prince-archevêque, dans les palais seigneuriaux, dans les maisons des bourgeois et des artisans. La Résidence avait un théâtre où, certains soirs, on donnait l’opéra ou la comédie, tandis que, d’autres soirs, les représentations étaient remplacées par une « musique de cour » dans la Salle des Chevaliers ou la Salle d’Audience, avec les programmes les plus variés. Trois « maîtres de concert, » chacun pendant une semaine à tour de rôle, étaient chargés de la préparation et de l’exécution de ces programmes, comme aussi de ceux des « musiques de table : » car, suivant l’usage des princes allemands, l’archevêque de Salzbourg dînait en musique. Le dîner avait lieu à une heure, tantôt en grande pompe dans la Salle Impériale, « sous timbales et trompettes, » c’est-à-dire avec des sonneries annonçant les entrées, tantôt, plus intime, dans l’Ante-Camera ou dans une des pièces de l’appartement privé ; mais presque toujours la musique y tenait sa place. Là encore, d’ailleurs, une diversité de programmes infinie, d’après l’importance des repas et la qualité des convives : longues « cassations » précédées et suivies d’une marche, airs de chant, de violon, ou de flûte, petits « divertissemens » pour deux hautbois, deux bassons, et deux cors ; le