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LE
MÉCANISME DE LA VIE MODERNE[1]

L'AMEUBLEMENT

I.
TAPIS ET TAPISSERIES

De tous les meubles, le tapis est à la fois le plus vieux et le plus récent, suivant les latitudes ; le premier ou le dernier mot de l’ameublement ; luxe nouveau pour les peuples à qui rien ne manque, nécessité immémoriale pour les peuples qui manquent de tout. Chez les pasteurs de l’Orient, il remonte au déluge ; chez les ouvriers de l’Occident, il remonte à l’Exposition de 1878. Là-bas, sous la tente, il joue le rôle de lit et de siège ; ici, dans la chaumière ou la chambrette, il joue le rôle d’ornement.

Au contraire du tapis, qui, par son bon marché d’hier, est devenu le superflu des petits, la tapisserie est devenue la prédilection des grands depuis son enchérissement contemporain. Elle aussi avait été une commodité pour le moyen âge, avant d’être promue au rang de somptuosité par les temps modernes. Elle frayait, dans les demeures féodales, avec les coffres portatifs, les lourdes chaires, les bancs de bois et les carreaux d’étoffes et, tendue autour du lit de son maître, elle le garantissait du froid. Plus tard, clouée au mur, elle ne réchauffa plus que ses yeux.

A notre époque d’art mécanique et d’imitation, de tout pour

  1. Voyez la Revue du 15 janvier.