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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/665

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peu de lumière sur ces archipels aux milliers d’îles, Comme enveloppés dans la brume du mystère. Le continent australien a été sillonné par les excursions missionnaires du P. Ullathorne, catholique anglais (depuis 1837-1838) et par l’Américain protestant Georges Taplin. Si les îles Carolines doivent leurs premières investigations à des Jésuites[1], ce sont des Wesleyens qui ont ajouté à la connaissance des îles Fidji. Tandis que le chapelain anglican S. Marsden et le Révérend Taylor ont donné les meilleures informations sur la Nouvelle-Zélande et les Maoris[2], les Pères de Picpus et les Pères Maristes, Pompallier, L. Maigret et Mgr Douarre ont attaché leurs noms à l’exploration des îles Marquises, Gambier et à la colonisation de la Nouvelle-Calédonie.

Le révérend John Williams, surnommé à bon droit l’apôtre des mers du Sud, après avoir découvert Rarotonga et évangélisé les îles Hervey, a scellé de son sang sa carrière apostolique, ayant été massacré par les Indiens d’Erromanga (20 novembre 1839). C’est à deux missionnaires, W. Ellis (en 1872) et Arbousset, (en 1877), qu’on est redevable des meilleurs précis sur les îles Hawaï (Sandwich) et Taïti[3]. Enfin, en Nouvelle-Guinée, dans cette grande île peuplée d’anthropophages, au Nord de l’Australie, tandis que les missionnaires protestans W. Lawes et J. Chalmers relevaient soigneusement les contours de l’île, les Pères Verius et Couppé pénétraient à l’intérieur, à travers mille dangers, et révélaient aux géographes l’existence du fleuve Païmono, qu’ils baptisèrent du nom de Saint-Joseph (1885-1890). D’après tous ces détails on voit que l’ardeur exploratrice des missionnaires ne s’est pas ralentie et que l’histoire des découvertes en Océanie est inséparable de celle de leurs travaux apostoliques.


II

Après la géographie et les sciences annexes, c’est la linguistique qui est le plus redevable aux Missions étrangères. Car la connaissance des idiomes, parlés par les peuples les plus divers et l’emploi des signes d’écriture sont les conditions mêmes d’une propagande universelle. Et ce n’est pas seulement des langues

  1. Gobiens, Histoire des Iles Mariannes, Paris, 1700.
  2. Taylor, The Ikaa-Maui, Londres, 1870.
  3. W. Ellis, Narration of a tour through Hawaï. — Comp. C. de Varigny, Sept ans aux îles Sandwich. — Arbousset. Tahiti et les îles adjacentes, Paris, 1867.